J’ai publié l’article original sur GOREF le 10 avril 2007. Ce blogue ayant été récemment débranché, j’ai obtenu l’autorisation de remettre l’article en ligne ici même – en mettant à jour ce qui ne l’était plus.
C’est un fait : le spam est une calamité. Que dis-je? Une malédiction.
Courriel sans utilité ni pertinence, qu’on l’appelle pourriel, polluriel, pollupostage, courrier de masse non sollicité ou simplement spam, il transforme nos boîtes de réception en boîtes de déception. Nous avons tous au moins une bonne raison d’haïr le spam et de souhaiter aux spammeurs le sort qu’ils méritent : aller méditer dans la fraîcheur d’une prison, en compagnie de codétenus qui ont élargi leur virilité et acheté du *V1A9Ra* avec un $$$crédit pré-autorisé…
Malgré tout, mon but aujourd’hui est de vous faire voir le spam sous un jour aussi positif qu’instructif.
Savez-vous d’où viennent le mot spam et son fatigant concept?
Retour 70 ans en arrière, presque jour pour jour. Alors que les fondateurs d’Internet n’étaient même pas nés, l’épicerie Hormel Foods du Minnesota dépose la marque SPAM, pour SPiced hAM (jambon épicé). Notons que la composition mystérieuse de cette «nourriture» a rapidement donné naissance à quelques blagues et légendes urbaines, l’une de mes préférées étant « Something Posing As Meat »… Bref, le SPAM avait tout pour réussir et, en effet, 2002 marquait chez Hormel la célébration de la six milliardième boîte vendue. Oui, 6 milliards!
Mais la réputation du produit vient d’ailleurs. Elle vient d’un marketing particulièrement agressif, principalement dans des publicités à la radio, où le mot SPAM était martelé jusqu’à l’écœurement. Vous commencez à voir le rapport avec votre boîte de courriels? Nous sommes alors 1970, et le potentiel comique de la situation n’échappe pas à la bande d’humoristes la plus… épicée du moment : les britanniques Monty Python. Cette année-là, sur les ondes de la très respectable BBC, est diffusé un sketch 100 % SPAM! On y voit un couple qui se fait réciter le menu du restaurant où ils sont venus dîner, et où tous les plats contiennent le maudit pâté! Voici cet épisode historique en version vidéo et en version texte. Il n’en fallait pas plus pour que la culture populaire anglophone banalise le concept. À la fin des années 1990, lorsqu’une nouvelle génération d’annonces non sollicitées fait son chemin sur Internet, elle hérite tout naturellement du surnom «spam» (sans majuscules, pour ne pas fâcher les avocats de Hormel Foods)! La suite de cette épopée, vous la lisez tous les matins dans votre boîte de courriel…
Pour compléter le tableau, voici quelques liens qui vous permettront de mesurer le phénomène.
– Fidèle à l’esprit d’origine, la marque SPAM s’est dotée d’un site web qui cultive une naïveté de second degré.
– Non contents d’avoir «spammé» la BBC, les Monty Pythons on fondé un Spam Club en ligne!
– En 2001 a été inauguré le musée du SPAM.
– Attention, la SPAMMOBILE sera bientôt en tournée dans votre quartier!
– Croyez-le ou non, à Hawaii se tient le plus gros festival du SPAM, le Waikiki Spam Jam.
– L’humoriste américain Weird-Al Yankovic a écrit et enregistré Spam, sur une musique du groupe R.E.M. Voici la chanson et les paroles (savoureuses).
– Voilà un autre court mais vibrant hommage au SPAM…
Pour finir dans le moins rigolo, voici le lien wiki qui vous permettra de pousser plus loin votre culture du spam, ainsi que l’épidémie en chiffres (à mettre dans vos favoris). Et les experts prévoient que le pire est à venir. Un autre sandwich?