Jacques Parizeau est mort. Le Québec est officiellement en deuil.
Si j’ajoute mon hommage de nobody, c’est qu’en réfléchissant à ma perception de ce Monsieur, je réalise qu’elle se confond avec ma conception de la cause indépendantiste. Je m’explique.
Il y a 15 ans, j’ai débarqué sans y être préparé dans un Québec post-référendaire qui ressemblait à un lendemain de veille. Le camp «séparatiste» avait à mes yeux l’allure d’un club de vieux fêtards chaudasses incapables d’assumer leur deuxième défaite. Et Parizeau, c’était le mononcle alcoolique et raciste : sa phrase sur l’argent et les votes ethniques, LA PHRASE DE LA HONTE, tournait en boucle. J’étais venu profiter d’un multiculturalisme fonctionnel, qui étaient donc ces bouffons qui voulaient m’en priver?
Le fédéralisme est une position qu’on adopte par défaut quand on ne comprend pas ce pays. Oui, j’ai dit pays.
Dans les années qui ont suivi, j’ai essayé de m’immerger dans la culture et l’histoire récente du Québec, et j’ai vu ressurgir la figure de Parizeau sous un angle complètement différent : celui d’un homme puissant, intelligent et incroyablement fidèle à ses convictions. Un bâtisseur. Un leader. Un gêneur.
Dans la foulée, j’ai pris la mesure de la vision souverainiste : une simple question de survie, loin du jeu de frustrations, de rancunes et d’idées dépassées qu’on essaie de nous faire avaler à longueur de médias. Je suis devenu un indépendantiste convaincu grâce aux Québécois, à Lévesque, à Bourgault, à Falardeau, à Loco Locass… et à Parizeau.
(Et un peu grâce à Harper et Charest.)
Rien n’est plus motivant que d’avoir à bâtir une société, et c’est douloureusement d’actualité.
La seule fois où j’ai vu Parizeau en vrai, c’était au congrès d’Option nationale en mars 2013. Pour un péquiste étriqué, ce serait probablement un acte de trahison en bonne et due forme que d’aller faire un discours et serrer des mains dans le camps de ceux qui divisent le voteMD. Pour lui, c’était une question d’honnêteté. Et il a clairement signifié à l’assistance qu’il voyait en nous la relève de la cause. Parce qu’une idée, c’est pas mal plus vivant qu’une ligne de parti.
Pour ce rare modèle de conviction et d’intégrité, merci Monsieur.