Cela fait plus de 25 ans que je conçois des logos professionnellement. C’est un art minimaliste dont l’essence réside, selon moi, moins dans l’habileté graphique que dans la communication avec le client. Parce qu’ultimement, son logo deviendra son visage, pas le mien.
Un quart de siècle et toujours pas de lassitude quant à cet exercice qui commence par des mots, se poursuit par des esquisses et se conclut par des vecteurs. Comme je scrute aussi la logosphère en tant qu’analyste, je suis obligé de me poser des questions, notamment sur les tendances. Parce que le logo a beau être le plus pérenne des éléments graphiques, il est de plus en plus soumis aux tendances. Parfois trop, d’ailleurs. Si on vous vend un logo «très 2016», devinez un peu de quoi vous aurez besoin en 2017…
Prendre un pas de recul. Regarder passer les modes et n’en garder que ce qui nous chante. Mais aussi réaliser nos propres envies, celles qui ne sont pas forcément listées dans les 12 logo trends for 2016.
Je viens juste de livrer un logo à une jeune compagnie nommée Clown en devenir.
C’est rondouillard, balounesque, sensuel, naïf, enfantin, illustratif, cheesy, léger, grossier, psychédélique et pas particulièrement lisible. Mais j’avais carte blanche et je me suis amusé.
C’est ça, le secret. Ça et la possibilité de donner naissance à un logo sans avoir recours à une typographie dessinée par quelqu’un d’autre, dans un autre contexte. Car ces courbes-là, elles ne se trouvent dans aucune fonderie, c’est tracé à la mitaine, soufflé à la bouche.
Ce sillon du graphisme broche-à-foin, j’ai bien l’intention de le creuser dans les prochaines années. D’ailleurs, j’ai récemment proposé un logo (rejeté) à un autre client, dans lequel mon amour pour Saul Bass ressortait assez clairement :
La liberté se gagne un trait à la fois!