Les logos des 10 fleurons de l’entrepreneuriat québécois

Si politiquement, le Québec est une grande province, culturellement, c’est un petit pays. Un pays avec ses particularités et sa personnalité propre. Et comme nous ne sommes que 8 millions, nous bâtissons souvent à échelle humaine. Prenons les 10 plus grandes entreprises du Québec (j’ai volontairement omis celles qui n’étaient pas purement québécoises parce que je fais ce que je veux) : que nous disent leurs logos, et comment ont-ils traversé notre histoire?

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1. Desjardins

01 Desjardins

Douze millions de revenus annuels : une petite abeille qui va loin! L’insecte stylisé dans sa cellule de ruche porte évidemment les stigmates graphiques des années 80, époque où la rationalisation des formes rendait les courbes suspectes! Bien qu’elle soit difficile à identifier – faites le test autour de vous -, l’abeille Desjardins est un emblème héraldique qui permet à la marque de se distinguer très clairement, tout en rappelant la vocation coopérative du mouvement, puisque les abeilles sont des créatures éminemment solidaires. L’autre signal fort, c’est le vert, une couleur beaucoup moins courante que le bleu, le rouge ou le gris. Pour l’aspect typographique, on a choisi l’Optima, une police sans empattements (sans serif) mais très classique, dont la douceur contrebalance la raideur  du système hexagone/carré du pictogramme.

Une identité visuelle pas très «21e siècle», mais tellement identifiable qu’on peut remplacer Desjardins par n’importe quel nom sans perdre la marque!

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2. Metro

metro

(À ne pas confondre avec la Société des Transports de Montréal, dont je parlerai plus bas!) En 67 ans d’existence, l’épicier Métro ne s’est jamais réellement distingué en terme d’identité visuelle. Le logo actuel se résume vite : cinq lettres minuscules (pour l’aspect proche des gens), grasses (pour l’impact visuel), italiques (pour la touche de dynamisme) et rouges (pour l’héritage graphique). La forme du m laisse présumer qu’il a été redessiné pour l’occasion et qu’il fait ainsi écho à son précédent design : une arche double (comme McDonald’s, héhé!). Et l’absence d’accent sur le e laisse planer un doute sur la francité du nom (oui, c’est bien une entreprise québécoise!)…

Un logo minimaliste qui n’accroche pas l’œil, et qu’on lit plus qu’on ne voit.

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3. Hydro-Québec

hydro-quebec

Mine de rien, ce logo incarne un morceau de l’histoire du Québec, et pas seulement parce qu’on le retrouve chaque mois en haut de nos factures! Le pictogramme jaune, dont une version géante éclaire le centre-ville de Montréal, est à la limite de la redondance avec les mots qui l’accompagnent : un éclair pour «Hydro» et un Q majuscule pour Québec, c’est facile mais ça fonctionne. Et ce symbole peut s’utiliser seul sans équivoque sur certains supports. Ce Q énergétique (désolé!) évoque aussi l’esthétique des schémas électriques, et son jaune orangé symbolise la chaleur. À l’inverse, le bleu marine du nom affirme clairement le côté institutionnel de la chose : on n’est pas chez Doc Brown! Malgré tout, sa disposition et son caractère italique lui confèrent un certain élan.

Pour citer Pierre Bourgault, chez Hydro-Québec tout commence par un Q pis finit par un bec.

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4. Jean Coutu

jean coutu

Si Jean Coutu est souvent cité en exemple dans les milieux d’affaires, il en est tout autrement dans le monde du design graphique. Disons les choses comme elles sont : ce logo est une véritable honte, une insulte au bon goût et une inexcusable preuve d’amateurisme pour une entreprise du top 5 québécois. D’une esthétique boiteuse et dépassée, il cumule tellement d’erreurs que je ne sais pas par où commencer. Le pictogramme qui joue à Tetris avec les lettres PJC dans une perspective digne du générique de Star Wars. Le tout qui s’inscrit dans un trapèze lui-même contenu dans un carré qui voisine un autre rectangle. Les mots Jean Coutu, écrits dans une typographie rouge engraissée et surdimensionnée, encore alourdie par un contour bleu et coincée dans un rectangle trop petit. La palette de couleurs : un rouge et deux bleus, parfois servis sur un panneau jaune vif. Mais pas toujours. On se console à peine en considérant l’ancienne version en LETTRES CAPITALES, joliment mises en relief par une ombre portée bien noire. Un antivomitif, Monsieur le pharmacien?

On trouve peut-être un ami chez Jean Coutu, mais apparemment pas de directeur artistique.

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5. Bombardier

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C’est l’histoire exemplaire d’une entreprise familiale qui devient une multinationale tentaculaire. En trois quarts de siècle, Bombardier a déployé ses ailes, ses chenilles et ses rails; il fallait bien que son logo suive le mouvement. Après être passé de la phase calligraphique à plusieurs générations d’engrenages, une décision stratégique a été prise : revenir à la base. Le logo actuel est donc basique à l’extrême : une Helvetica Black Condensed sans fantaisie, généralement noire ou grise, toute en majuscules. Difficile d’être plus générique. Ce déni identitaire n’est pourtant pas un faux pas : il est commandé par l’utilisation qui est faite du logo. En effet, le nom Bombardier apparaît le plus souvent en signature du logo d’un de ses produits, il faut donc qu’il reste sobre et lisible à n’importe quelle taille.

Un logo comme celui-là, c’est comme un Ski-Doo : ça passe partout.

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6. RONA

rona

À mille lieues du petit oiseau bricoleur de Ro-Na (contraction de Rolland Dansereau et Napoléon Piotte, les deux fondateurs), le logo que nous connaissons aujourd’hui est solide comme une superpoutre. Quatre robustes majuscules marines se chargent d’assoir la réputation de ce spécialiste du bricolage et de la rénovation. Seule concession figurative : la pente droite du A, qui évoque une charpente. À moins que ce ne soit un trio de 2 par 4? À défaut d’être chaleureux, voilà un logo rassurant.

Le loup peut toujours souffler, ça restera debout.

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7. Québecor

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À l’instar de Bombardier, le logo de Québecor est devenu une sorte de signature neutre qui s’efface devant ses produits grand public : télé, journaux, web, etc. Alors que la précédente itération mettait en scène une super lettrine qui ressemblait à un grain de café jaune, le nouveau logo, avec accent mais sans «inc.», se pose sur un arc bleu pâle. Les esprits chagrins l’interpréteront comme un sourire à l’envers, mais il s’agit plus probablement d’un profil terrestre derrière lequel le O de Québecor se lève tel l’astre du jour sur notre planète convergente. À moins que ne ce soit le mot OR qui se cache derrière un artifice graphique, laissant le QUÉBEC intact? En tout cas, rien n’est fait pour émouvoir les amateurs de belle typographie : on a artificiellement aplati une sorte de Futura sans grande personnalité.

Sitôt vu, sitôt oublié : on ne fera pas les manchettes avec ça.

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8. Couche-Tard

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Nettement plus cool que l’abeille de Desjardins, voici le hibou de Couche-Tard! La plus célèbre et la plus lucrative des enseignes de dépanneurs s’est bâtie une solide réputation en faisant des clins d’œil aux passants, comme quoi un oiseau de nuit reste un rapace. Le visuel et la marque créent un jeu de renforcement mutuel en redonnant une dimension de complicité et de sagesse au terme vaguement péjoratif de «couche-tard» (voir «les honnêtes gens se lèvent tôt pour gagner leur vie»)… Ici, le sympathique volatile est un réel signal visuel de reconnaissance, comme en témoigne sa taille par rapport au nom de l’entreprise. Ce parti pris audacieux est atténué par un choix de couleurs très conventionnel : du rouge et du bleu. Bleu nuit, évidemment. Côté typographique, on adhère à une tendance courante : des minuscules rondouillardes et italiques, un bon compromis entre le sérieux et la complicité.

Couche-Tard, un logo qui ne dort que d’un œil!

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9. STM

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De nos dix lauréats, le programme d’identité visuelle de la Société de transport de Montréal est le plus innovant et le plus ambitieux. Faisant suite à un long historique de logos insipides et froids, il n’existe sous sa forme actuelle que depuis 2010 et ne cesse d’être décliné dans les nombreuses campagnes de communication de la STM. Le logo n’est en fait qu’une des pièces de l’image de marque, les éléments visuels récurrents étant le chevron, la palette multicolore et le répertoire de formes stylisées qui en découlent. Nous sommes ici dans un monde de pictogrammes où les bonshommes ont une tête ronde et où tout ressemble à de gros jouets pour le premier âge. La marque, qui se dit «en mouvement», a lancé une opération séduction, principalement pour convaincre les citadins de lâcher leur voiture, mais aussi pour faire oublier la pénurie d’autobus et les pannes du métro.

Une campagne signée Sid Lee qui permet d’attendre le prochain bus dans un environnement plus tendance!

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10. St-Hubert

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Dans une basse-cour, le coq doit soigner son apparence pour conserver ses privilèges. Visiblement, le graphiste l’individu qui a commis le logo de St-Hubert n’avait pas lu le mémo. Je profite de cette occasion pour rappeler que le Québec fourmille d’excellents illustrateurs, majoritairement représentés sur le site d’Illustration Québec. Bon, admettons qu’un coq soit une bonne idée pour incarner une rôtisserie, et qu’un nœud papillon soit une façon adéquate de lui donner davantage de classe. Hum. Cela excuse-t-il un dessin maladroit? Non mais regardez le bec! Et cette «main» avec une quille de bowling en guise d’index! Tout ça nous est servi sur une espèce de trapèze jaune dont la forme évoque, euh… la vitre avant d’une Ford Festiva 1986? Sous ce cuisant échec illustratif, les mots St Hubert paraissent quasiment élégants, habillés d’une typographie cuisinée maison, avec empattements et italiques, mais sans trait d’union.

Si tes cuisses sont aussi moches que ta tête, ne m’attends pas pour souper, mon poulet!

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Réincarnation(s)

Christ de destinées

Le Grand rire de Québec a invité le Cabaret des auteurs du dimanche pour deux soirées sur la scène du Cabaret du Capitole. Samedi, le thème était «réincarnation», voici le texte que j’ai écrit et lu pour l’occasion. Notez que si la thèse est, euh… discutable, la majeure partie des exemples sont réels. Oui oui.

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Chers lecteurs, bonsoir.

Je suis ici pour vous parler du livre que je vais lancer à Pâques aux éditions des Intuables. C’est un ouvrage de recherche scientifique dont je suis assez fier et qui – je le dis en toute modestie – devrait changer la face de l’humanité et remettre en question tout ce que nous savions jusqu’ici. Il s’agit de démontrer d’une façon indiscutable que le passage sur Terre de Jésus Christ a fait l’objet d’un invraisemblable malentendu. [pause]  Jésus de Nazareth n’a pas ressuscité. Il s’est réincarné. Cent-soixante-treize fois. En traînant dans chacune de ses vies un pattern existentiel extrêmement handicapant, à savoir des morts précoces et stupides. Mon livre s’intitule Christ de destinées.

(Petite parenthèse : l’étymologie nous prouve que le destin du prétendu fils de Dieu est une vraie catastrophe, puisque «messie» vient de l’anglais messy qui signifie «bordélique».)

Le quiproquo commence vers l’an 33, au moment où deux soldats romains  transportent le cadavre d’un hippie juif dans un mausolée de style rustique, fermé par une dalle de pierre mal ajustée. C’est par là que le Sauveur se sauve : il se faufile dans un infime interstice rocheux. Comment fait-il? Mirâââcle? Non : il s’est juste réincarné en une larve gluante et a rampé vers l’extérieur de la tombe. Cet asticot serait d’ailleurs devenu une mouche d’un beau vert émeraude si elle ne s’était pas fait cueillir dès sa sortie par une corneille affamée. La première réincarnation divine aura donc duré trois jours, dont deux minutes au soleil.

Par la suite, Jésus – ou quel que soit son nom – a ébauché de grandes choses. Mais bon, l’ébauche, l’esquisse, la prémisse, le début, c’est le mieux qu’il pouvait faire, vu que la fatalité le rattrapait toujours avant qu’il réalise ses projets.

Par exemple. Au premier siècle de notre calendrier, il revient sous l’identité de Claudius Drusus, fils de l’empereur romain Claude. Il meurt à Pompéi en s’étouffant avec une poire qu’il avait lancée en l’air et tenté de rattraper dans sa bouche. Vous pouvez vérifier, c’est dans Wikipedia.

On retrouve notre Jésus en 453, sous l’identité d’Attila, roi des Huns. Il meurt étouffé par un saignement de nez… pendant sa nuit de noces!

Vers l’an Mille, Muldor Kingsey naît à Sinky Bay, sur les îles Bermudes. Il meurt jeune, mais on n’en sait pas plus. Une tradition locale.

On connaît bien Leonardo Da Vinci, ses peintures, ses écrits et ses inventions visionnaires. En revanche, on connaît beaucoup moins Juvenus Amadotti, son assistant, le gars qui a ESSAYÉ l’hélicoptère en bois. Hm.

Pour contrer ce tragique destin qui ressemble à la version trash du Jour de la marmotte, le messie tente de laisser une trace dans l’Histoire. Au 16e siècle, il est Pietro Aretino, écrivain et dramaturge prometteur. Pris d’un fou rire incontrôlable, il meurt par suffocation. Il laisse quand même à la postérité l’expression «mort de rire».

En 1841, Dieu-fait-homme tente encore de marquer son époque en se faisant élire neuvième président des États-Unis. Le jour même de son investiture, il prononce un discours de deux heures sous une pluie glaciale, et contracte une pneumonie. Il rendra son dernier soupir un mois plus tard.

En 1884, le p’tit Jésus choisit le métier de détective, sous le nom d’Allan Pinkerton. Lors d’une filature de routine, il glisse et chute sur le trottoir mouillé. Il se mord la langue. La gangrène s’installe, il meurt dans les jours suivants.

En 1912, le Divin Enfant est un rat de robuste constitution. Le rat étant un animal réputé pour sa résilience, il tient une belle occasion de se venger de son cruel destin. C’est du moins ce qui le pousse à embarquer clandestinement dans les cuisines d’un paquebot à Southampton. Un iceberg fera le reste.

Quelques années plus tard, le jockey Frank Hayes, succombe à un infarctus au beau milieu d’une course hippique. Son cheval Sweet Kiss gagnera la course, faisant de lui le premier jockey mort victorieux. Belle consolation, Jésus, bien essayé!

Nouvelle incarnation en 1941 : l’écrivain américain Sherwood Anderson avale un cure-dent dans un party mondain et meurt d’une péritonite.

Plus tard, on retrouve l’agneau de Dieu sous la forme d’une femelle Jack Russell, en Russie, à l’aube de la conquête spatiale. Laïka est choisie pour devenir le premier chientronaute. On l’envoie en orbite dans une capsule Soyuz, le 3 novembre ‘57. La mission est un succès total : elle meurt asphyxiée à 8000 km de sa niche.

Dans les années 70, Dieu-le-fils profite de la vague psychédélique pour s’adonner à la drogue et à la musique pop. On le retrouve dans la peau de Keith Relf, chanteur du groupe britannique The Yardbirds. Il meurt électrocuté par sa guitare électrique, qui n’était pas mise à la terre.

En 1993, changement radical de registre: le Rédempteur revient en Garry Hoy, un avocat torontois. Pour prouver à ses clients que les vitres du Toronto-Dominion Centre sont incassables, il se jette contre l’une d’elles. Non, la vitre ne se brise pas… mais elle sort de son cadre, et Gary fait une chute de 24 étages.

Mon livre laisse ouverte une question troublante : et si Jésus lui-même était déjà, dans le Nouveau testament, la réincarnation d’une précédente existence maudite? Difficile à dire, mais certains témoignages rappellent le destin pourri du Fils de Dieu. Par exemple : en -456, le dramaturge grec Eschyle est tué par un rapace qui laisse tomber une tortue vivante sur sa tête, confondant son crâne chauve avec une pierre. Coïncidence?

Il va de soi que la doctrine chrétienne s’écroule comme un château de carte devant cette accablante suite de faits historiques. Jésus n’était pas le sauveur de l’humanité mais un malchanceux multirécidiviste avec un karma de merde. Oui, certaines âmes ont cette capacité prodigieuse de s’incarner plusieurs fois, un peu comme l’ongle du gros orteil (pour prendre un exemple concret).

Merci pour votre écoute, mon livre sera très bientôt en librairie. En attendant, je vous laisse sur ce conseil : faites bien attention, si vous avez moins de 33 ans, vous pourriez être l’Élu! Bonne soirée.

Métis

Voici le texte que j’ai lu sur la scène du Cabaret des auteurs du dimanche dont le thème était «métis».

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Chers membres du comité de sélection, Monsieur le Président, Monsieur le maire, Monseigneur, mon général… et ses généralités, Miss-Montérégie, Maître, Maîtresse, et vous, chers commanditaires qu’on m’a prié de nommer discrètement :  le Ministère fédéral des populations incertaines, les produits Lakota et les biscuits Oreo…

Je vous remercie de l’honneur que vous me faîtes en m’accordant ce temps de parole pour défendre la candidature de mon équipe. Nous saurons nous montrer à la hauteur, parole d’auteur. Merci d’abord au comité  d’avoir permis cet évènement qui manquait si cruellement à la mosaïque humaine de notre bas-Canad… de notre beau Canada, je parle bien sûr de la Grande Journée des Métis.

Pour commencer, nous voudrions rebaptiser l’évènement, car «Grande Journée des Métis» nous parait un peu restrictif. «Grande Semaine des Métis» nous semblerait plus approprié.

Et puis il nous faut un hymne! Nous n’attendons que votre approbation pour en passer la commande au célèbre chansonnier métis, Daniel Mélangé.

Contrairement aux Indiens, nous n’avons pas de totems. Mais nous aurons une mascotte. Un personnage emblématique, qui symbolise le formidable patchwork humain du métissage, un héros qui prend vie par la combinaison même de ses origines multiples!

frankenstein

Sur le lieu des festivités, la foule sera reçue par 50 jeunes vierges mulâtres simplement vêtues de fleurs. Nous avons pensé appeler ce happening le «jardin de Métisses».

Le défilé comprendra huit chars allégoriques qui porterons sur autant de thèmes ciblés qui riment avec métis : justice, sacrifice, délices, épices, bénéfices, services, police, et le char-à-saucisse qui fermera la parade pour nourrir la foule. Huit-chars-c’est-cher, me direz-vous? Eh bien non, car notre communauté est toujours prête à participer bénévolement. Nous ferons construire ces chars par des enfants sans papiers, dans les sous-sols de Parc Extension.

Nous, les métis, devons nous affirmer à la face du monde et prendre notre place. Car nous sommes des milliards, OUI DES MILLIARDS, à vivre notre métissage en cachette, parfois persuadés que nous sommes blancs comme neige!

Frères et sœurs métis et métisses de tout poil et de toute épilation, le temps n’est-il pas venu de nous re-tricoter plus serrés pour revendiquer un statut qui ne nous a jamais été reconnu? Célébrons le métissage sous toutes ses formes : le métissement, la métissure, la métisation, le métissisme et la métissance.

Finissons-en avec le mutisme des métis! Arrêtons de faire les choses à moitié : assez de mi-métisme!

Des modèles positifs, les métis en ont. Pensez au champion de golf Tiger Woods qui porte dans son ADN la mémoire de ses ancêtres afro-américains et asiatiques, et qui, à chaque compétition internationale, sans relâche, engrosse des femelles de toutes ethnies. C’est ÇA, le métissage!

Pensez aussi au défunt Roi de la Pop, dont la peau d’ébène décolorait d’année en année à force de se frotter à des p’tits blancs?

Se métisser, c’est accepter la différence, mais c’est surtout lutter activement contre la consanguinité.

À ceux qui cherchent à nous diviser, nous répliquerons en nous multipliant, sous leurs fenêtres! Bien peu d’entre nous se reconnaissent dans le terme pur-laine, étant donné que nos fils se sont pas mal mélangés en sortant de la pelote. Car dans métissage, il y a tissage.

Pour ce qui est du parrainage politique, nous nous sommes naturellement tournés vers notre bon gouvernement provincial et nous avons  trouvé une oreille bienveillante en la personne de l’honorable Couillard. Le Premier Ministre nous a expliqué que c’est les libéraux qui ont inventé le métissage et qu’ils préféraient désormais appeler ça le multiculturalisme pancanadien. Ils nous a présenté plein d’amis métis qu’il a ramenés de ses voyages dans les contrées les plus exotiques, comme Jersey, la Barbade, les îles Cayman, le Liberia, la Suisse, et j’en oublie! Son bon ami, le Dr Porter, nous a raconté des jokes de métis vraiment tordantes, on n’a pas regretté une seconde notre visite à la prison! 🙂

Le Dr Couillard est très engagé auprès des métis. Non pas parce qu’il serait lui-même le fruit de l’union de Monsieur Patate et d’un Ewok, non, ça se sont des racontards de mauvaise foi! En vérité, il aime profondément les métis. Il nous a d’ailleurs confié en riant qu’il en avait vu de toutes les couleurs, dans les assemblées du PLQ. Pour lui, le métissage se vit chaque jour. Il ne voit pas un indien, un blanc ni un métis : lui il voit un être humain… un électeur! Je le cite : «Chez nous, au Parti libéral, on voit tous les jours des femmes francophones épouser des hommes de Westmount, des Grecs s’amouracher de jolies petites Ontariennes, on voit des Hassidims se reproduire avec leurs cousines, le blanc et l’inouite dans le même lit! Et chaque individu issu de ce grand mélange s’ouvre à son tour sur les autres communautés. Grâce à nos programmes, plusieurs ont même un parrain sicilien». Je vous le dis, cet homme est un modèle d’ouverture. Il n’a jamais refusé une enveloppe de quiconque, quelle que soit sa couleur.

Mais je ne vais pas consacrer tout mon discours à louanger Monsieur Couillard, même si ça accélérerait sûrement la subvention que j’ai demandée le 8 avril.

Mesdames et Messieurs du jury, notre Grande Semaine des Métis sera celle de l’amitié entre les races, et plus si affinités! Mélangeons nos pigments et repeignons la terre en beige, mais pas trop clair. Plus sable… ou tabac. Ou café au lait, mais avec pas mal de lait. Cappuccino allongé, pas de cannelle, deux biscottis.

Adoptez notre projet, nous ne vous décevrons pas! Chaque membre de notre équipe cache un grand cœur sous une couleur indéfinissable!

Avec nous, Mesdames et Messieurs du comité, ouvrez la porte à vos frères et sœurs basanés, bronzés, cuivrés, technicolor, croisés, brassés, dégénérés, hétéroclites, composites, sang-mêlés, sang-de-bourbe, sans-papiers, bâtards, mêlés, hybrides, bi-énergie, bipolaires, mâtinés, mulâtres, mulets, mules, mulards, corniauds, métèques, remix, nés de la cuisse gauche, pas-rapport, impurs, illégitimes, apatrides, rapiécés, raboudinés, panachés, poutines, pâtés chinois, gelato-vanille-chocolat… Merci pour eux, merci pour NOUS.

«Nouveau design, même saveur authentique»

Petit écolier poquette

Pour la soirée de lancement de la 13e saison du Cabaret des auteurs du dimanche, j’ai lu un texte à saveur autobiographique sur le thème «nouveau». Tout est vrai.

Nouveau design, même saveur authentique

… Dans un éclaté jaune, juste au-dessus de la «suggestion de présentation».

Hum. Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de mon métier. Graphiste-slash-directeur artistique. Ou plutôt je vais vous parler de mes débuts, des premières années de ma brillante carrière, quand je travaillais pour un studio parisien spécialisé dans le design d’emballage ou, comme on disait avec notre accent à deux balles, le «paque-à-djing».

C’était au début des années 90, époque dont Frédéric Beigbeder s’est inspiré pour écrire son formidable roman 99F, sauf que lui, il bossait dans la pub. Le packaging, c’était la pub moins la coke. Nous étions des créatifs, nom masculin pluriel et prétentieux. C’est sûr que la double couche de pétage de bretelles et de parlage anglais comme des nuls, ça nous prédisposait à des créations é-pi-ques.

On ne faisait pas des emballages pour des produits de luxe, non, on faisait ce qu’on appelle du food : des produits de consommation quotidienne, des trucs jetables. Parfois tellement jetables qu’on avait envie de les jeter AVANT de les utiliser. À consommer rapidement. Meilleur avant le 14 juin, mais pas terrible quand même.

On ne parlait pas vraiment  d’obsolescence programmée, mais on en programmait en tabarnouche!

À la décharge de ce laboratoire de créativité stérile, j’avoue que nous avions la chance d’évoluer dans un milieu rempli de néologismes et de termes rigolos comme appétance, blister, carton-plume, charette-bourre-bourre,  matchprint, packshot, pétouille, revamping, rhodoïd, roughman, tête de gondole, ou encore vitrauphanie.

Cyniques, élégants et opportunistes, nous étions en quelque sorte des proto-hipsters. Moi-même, j’étais tellement en avance sur mon époque que je ressemblais à Xavier Dolan dès la fin des années ‘80. Cela dit, nous étions encore des artisans. Pas de techno dans les studios à cette époque. Eh oui, je vous parle d’un fucking temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Tout se faisait à la mitaine, c’était avant la macintoshisation du graphisme. Pour vous donner une idée, Steve Jobs était encore semi-pauvre et chevelu!

«Nouveau concept». «Nouveau segment». «Nouvelle tendance».

Au début, quand tu es nouveau dans le domaine de la nouveauté, tu te poses plein de questions de fond. Et puis tu comprends vite que les questions, c’est moins rentable que les réponses. Et que le fond, c’est moins vendeur que la forme.

Tout nouveau. Inédit. Révolutionnaire. La mayonnaise réinventée. Le dentifrice comme vous ne l’avez jamais vu. Le goûter du XXIe siècle. Incroyable : c’est une soupe! Un pâté qui se démarque de la concurrence. Médaille d’argent de l’Innovation 1992. Le futur est là.

Ça parait absurde, avec les yeux d’aujourd’hui. C’est tellement inconcevable, ce culte de la nouveauté! Par exemple, on n’imaginerait jamais en 2014 qu’un fabricant de téléphones intelligents sorte un nouveau modèle aux 18 mois JUSTE pour que les gens se débarrassent de l’ancien! Franchement!

Mes amis, la nouveauté tue l’intelligence.

Un exemple. Réel. La lessive. Le savon à linge. En poudre depuis nos arrière-grand-mères. Un jour, un fabricant de produits ménager lance triomphalement la lessive en tablettes, en blocs. Dosée en laboratoire, avec des p’tites strates bleues et blanches et des bords arrondis. Nouveauté. Que dis-je? Révolution! Succès instantané. L’année suivante, un concurrent sort la première lessive liquide, qui «pénètre votre linge quand les autres en sont encore à se dissoudre». Tu utilisais encore la lessive solide? AAAH! Loser. Ah… on m’informe à l’instant que la NASA travaillerait en ce moment sur un concept de lessive gazeuse. On n’arrête pas le progrès.

Un autre exemple? Le liquid paper. J’ai connu l’avant, quand tu devais soit choisir une encre pseudo effaçable et te munir d’un effaceur, soit gratter avec une lame de rasoir et finir à la gomme. Donc, arrive le liquid paper, alleluïa, on n’efface plus, on recouvre. On stratifie. L’étape suivante de l’évolution, vous la connaissez : le «Liquid Paper Dryline», une bande sèche qui se dépose proprement – parce qu’on ne se cachera pas que le liquid paper, c’était le champion des mottons et ça nous obligeait à écrire en 3D. «Liquid Paper Dryline», donc, qui peut se traduire grossièrement par «liquide… sec». Je vous laisse savourer le  paradoxe sémantique.

Un autre exemple? Que faire quand le rayon biscuits est segmenté en 180 sortes différentes et qu’il n’y a que les grands-mères qui en achètent (pour tremper dans leur tisane)? C’est facile : tu copies les Américains, tu fabriques des biscuits non moulés, tu appelles ça des couquises et hop, les jeunes ne veulent plus rien d’autre! Nous, on concevait des packagings de cowboy pour le plus gros vendeur du segment : ça s’appelait Hello! et c’était fait à Nantes, Loire-Atlantique. Mettons que vu de Paris, ça pouvait passer pour le far-west.

C’était aussi l’âge d’or de l’eau en bouteille… dont on connaît aujourd’hui l’inutilité, à part pour ceux qui en vendent. Mais comment résister à toutes ces nouvelles formes «plus ergonomiques» et à ces nouveaux formats «sport», je vous le demande?

C’était pourtant bien avant que les constructeurs automobiles, ne reculant devant aucun risque, nous servent des versions réchauffées de leurs vieux succès : New Beetle, New Mini, New Fiat 500, bienvenue chez new. J’attends l’audace avec impatience. La New Ford Festiva? La New Pontiac Aztek? La New Lada 1600? Au lieu de nouveautés, on nous vend des remakes fades et vite démodés. Comme au cinéma, finalement. De mon temps, Superman il était pas en acier, il était en bobettes!

Bref, à vivre des tendances, on ne vit pas vieux. Quand on te vend de la nouveauté, c’est généralement que la qualité et la fiabilité n’étaient pas dans le briefing de départ. Quand tu achètes de la nouveauté, ça se périme vite. Et ce qui reste, c’est pas toujours du beau vintage. Oh. Que. Non.

Eh ben c’est ça qu’on me payait pour vous vendre. Un peu de nous, une tranche de veau : voilà du nouveau! Tellement de joie mes amis, tellement d’insouciance dans ces années-là, une vie en quadrichromie! Mais ça s’est arrêté quand j’ai été remplacé par un nouveau.

L’inégalable souplesse du pigiste

slinky

Cet article a été écrit pour Agent Solo.

Au fond, ce qui pousse une entreprise à louer nos services, à nous pigistes, c’est notre souplesse.

Embaucher une ressource supplémentaire, à temps complet ou partiel, ce serait faire le pari de pouvoir l’alimenter en travail d’une façon régulière et à long terme. À l’opposé, sous-traiter un mandat à une entreprise-fournisseur obligerait à composer avec leur hiérarchie et leur politique entrepreneuriale.

Ce n’est donc pas simplement par économie qu’autant de mandats sont confiés à des travailleurs autonomes, mais aussi – surtout? – pour des raisons pratiques. Pour cela, il faut d’abord que le pigiste assume cette souplesse comme une partie intégrante de son ADN.

Personnellement, lors d’un premier contact avec un nouveau client, je m’arrange pour que ce soit moi qui pose l’incontournable question : Comment fonctionnez-vous? La souplesse étant mon avantage compétitif, j’estime que c’est à moi de m’adapter au donneur de contrat, et non le contraire. Et c’est étonnant le nombre de solutions qu’on peut offrir quand on est libre de tout carcan administratif! Préférez-vous me payer selon un taux horaire, à forfait ou selon un budget préétabli? Voulez-vous que je travaille depuis chez moi, dans vos bureaux, chez votre client? Sur mon poste de travail ou sur celui que vous me fournissez? Tenez, j’ai justement une compétence marginale qui serait pertinente pour ce projet! Avec quelles personnes-ressources voulez-vous que j’établisse un dialogue? Voulez-vous que je fasse appel à l’expert qui manque à votre équipe? J’en connais un excellent, il peut même agir comme mon sous-traitant. Comment pensez-vous régler la question des droits de propriété intellectuelle? Une fois le projet fini, voulez-vous que j’en fasse la présentation à votre équipe? À vos clients? Et surtout : pas de soucis, votre échéancier sera le mien!

En plus d’être toujours appréciée, cette souplesse est souvent la base d’une fidélisation d’affaires. Le client sait qu’il ne paiera que pour le travail réellement effectué… et ce n’est pas le moindre avantage!

(Juste) avant de voter

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Hier soir, veille de scrutin, j’ai participé au Cabaret des auteurs du dimanche spécial élections. Tout comme la campagne électorale, mon intervention était chaotique et emprunte d’amateurisme : je n’avais pas fini d’écrire mon texte au moment de monter sur la petite scène du Jockey.

C’est que j’avais un concept aussi trippant que chronovore : trouver des citations politiques en lien avec la campagne actuelle. Pour ne pas avoir fait ce travail de recherche pour rien, je livre ici une version un peu plus structurée et plus complète de ce que j’ai lu hier.

Introduction

Citoyennes, citoyens.

Dans moins de 24 heures, nous saurons donc si nous serons dirigés par les libéraux de Couillard ou les libéraux de Marois. Je propose de jouer le rôle d’observateur de politique internationale, question de prendre un peu de recul sur ce débat pathétique politique!

Les habitués du Cabaret savent que je collectionne les citations d’auteurs célèbres. Ça me permet de briller sans avoir à rien écrire d’original. «Les citations, c’est un peu la littérature de l’ère Facebook : tu dis tout en une phrase, tu ajoutes «lol» et une photo de chaton et le tour est joué.» C’est de moi, vous pouvez me citer. Et comme disait Abraham Lincoln, «Le problème avec Facebook, c’est qu’on n’est jamais sûr que les citations sont authentiques»…

J’aurais pu parler des slogans de campagne mais on n’est pas là pour rigoler. Allons-y avec du sérieux, du solide, du littéraire.

Plutôt que de dire n’importe quoi et généralement n’importe comment, je suggère aux candidats citer des grands esprits politiques. Et pour que ce soit bien clair, voici quelques exemples. S’il y a des conseillers politiques dans la salle, prenez des notes.

Citations

– Mise en bouche

«Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres, et à donner l’apparence de la solidité à ce qui n’est que vent – George Orwell

«La politique n’est pas une science exacte – Otto von Bismarck

– Sur la campagne 2014

«La différence entre le politicien et l’homme d’État est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération – James Freeman Clarke

– Parce que le DGEQ a oublié de définir la démocratie :

«La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple – Abraham Lincoln

«La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes -Winston Churchill

 «Gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser – Nicolas Machiavel (Le prince)

– De quelle latitude disposera le prochain gouvernement?

«Le gouvernement n’a pas de propositions à faire, mais des ordres à donner – Charles de Gaulle (L’Appel)

«Le gouvernement est une réunion d’hommes qui fait violence au reste des hommes.» – Léon Tolstoï (Le Royaume de Dieu est en nous)

«Sans le pouvoir, les idéaux ne peuvent être réalisés ; avec le pouvoir, ils survivent rarement – Fidel Castro

«Gouverner, c’est tendre jusqu‘à casser, tous les ressorts du pouvoir– Georges Clemenceau (La Mélée sociale)

«Le problème de réforme de l’état est “incontournable”. Ce qui signifie qu’on la contourne depuis deux siècles – Jean-François Kahn (Dictionnaire incorrect)

«Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou – Albert Camus (Carnets)

«Le danger que l’on pressent, mais que l’on ne voit pas, est celui qui trouble le plus.» – Jules César

– La politique, une sale affaire?

«L’État est comme le corps humain. Toutes les fonctions qu’il accomplit ne sont pas nobles. » – Anatole France

«Moi j’ai les mains sales. Jusqu‘aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on peut gouverner innocemment ? » – Jean-Paul Sartre (Les mains sales)

«La possession du pouvoir corrompt inévitablement la raison – Emmanuel Kant

«L’État est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s’échappe de sa bouche : “Moi l’État, je suis le peuple.”» – Friedrich Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra)

«Tandis que l’État existe, pas de liberté ; quand régnera la liberté, il n’y aura plus d’État – Lénine (L’État et la Révolution)

«La politique est un chapitre de la météorologie. La météorologie est la science des courants d’air – Edouard Herriot

«Élection : opération par laquelle des citoyens libres se choisissent des maîtres.» – Elizabeth Hardwick

«Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil – Abraham Lincoln

«Les peuples une fois accoutumés à des maîtres ne sont plus en état de s’en passer – Jean-Jacques Rousseau (Discours)

«Le vrai politique, c’est celui qui sait garder son idéal tout en perdant ses illusions– John Fitzgerald Kennedy

«Un homme d’Etat de valeur doit avoir deux qualités essentielles : la prudence et l’imprudence –  Ruggiero Bonghi

«Conservateur. Politicien qui affectionne les maux existants, qu’il ne faut pas confondre avec le Libéral qui souhaite les remplacer par d’autres – Ambrose Bierce (Le dictionnaire du Diable)

«Malheureusement, nos politiciens sont soit incompétents, soit corrompus. Quelquefois les deux en même temps, le même jour – Woody Allen

«Les gouvernements ont une vision très sommaire de l’économie. Si ça bouge, ajoute des taxes. Si ça bouge toujours, impose des lois. Si ça s’arrête de bouger, donne des subventions – Ronald Reagan

«L’habitude est l’âme des États – Alexandre Pouchkine (Boris Goudounov)

«L’art de gouverner consiste à ne pas laisser vieillir les hommes dans leur poste – Napoléon Bonaparte

«Il n’y a pas que des salauds au gouvernement, il y a aussi des incompétents – Guy Bedos

«La politique est supposé être la seconde plus ancienne profession. J’ai réalisé qu’elle ressemble beaucoup à la première – Ronald Reagan

«Tandis que l’État existe, pas de liberté ; quand régnera la liberté, il n’y aura plus d’État.» – Lénine (eh oui!) (L’État et la Révolution)

«L’État est notre serviteur et nous n’avons pas à en être les esclaves – Albert Einstein (Comment je vois le monde)

«Les lois ne sont pas faites pour défendre les individus contre l’État, mais pour défendre l’État contre les individus – Skriabine Molotov

– Un jeu de promesses?

«Prendre un engagement solennel, pour un homme d’État, c’est s’engager à vous dire solennellement plus tard qu’il n’a pas pu le tenir – André Birabeau (La Politique)

«Un politicien ne peut faire carrière sans mémoire, car il doit se souvenir de toutes les promesses qu’il lui faut oublier– Frédéric Dard (Les pensées de San-Antonio)

«La politique ne peut plus promettre des lendemains qui chantent et repousser toujours la résolution des problèmes du quotidien.» – Jean-Pierre Raffarin (discours de politique générale, 3 juillet 2002)

 «Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.» – Jacques Chirac (Le Monde, 22 Février 1988)

– Et le courage, dans tout ça?

«Un État qui n’a pas les moyens d’effectuer des changements n’a pas les moyens de se maintenir – Edmund Burke (Réflexions sur la révolution française)

«Si tu es prêt à sacrifier un peu de liberté pour te sentir en sécurité, tu ne mérites ni l’une ni l’autre.» – Thomas Jefferson

«La bureaucratie réalise la mort de toute action – Albert Einstein (Comment je vois le monde)

«Là où il y a une volonté, il y a un chemin.» – Lénine

«De quelque manière qu’on s’y prenne on s’y prend toujours mal.» – Sigmund Freud

– La notion de responsabilité

«Ministre. Personne qui agit avec un grand pouvoir et une faible responsabilité – Ambrose Bierce (Le dictionnaire du Diable)

«Les rois sont avec leurs ministres comme les cocus avec leurs femmes : ils ne savent jamais ce qui se passe – Voltaire (Le sottisier)

Enjeux de la présente campagne

– Le débat des chefs

«Les orateurs élèvent la voix quand ils manquent d’arguments – Cicéron

 «Plus le mensonge est gros, plus il passe – Joseph Goebbels

«La calomnie ne peut être une force que si elle correspond à un besoin historique – Léon Trotski (Ma vie)

«La popularité n’est pas un programme politique – Jean-Pierre Raffarin

«On est plus fort qu’un concurrent dès qu’on a deviné ses intentions – Patrick Süskind (Le Parfum)

«En politique, la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés.» – Alexis de Tocqueville (Souvenirs)

– Le vote stratégique :

«En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal – Nicolas Machiavel

«Si tu te fais ver de terre, ne te surprend pas si on t’écrase avec le pied – Emmanuel Kant

– PKP et la «neutralité» des médias :

«Parce que le milliardaire n’a pas récolté sans peine, il s’imagine qu’il a semé – Jean Jaurès (L’armée nouvelle)

«La presse est le quatrième État du royaume – Thomas Carlyle

«Les médias sont des instruments dont se sert le péché pour imposer à l’opinion publique des modèles de comportements aberrants – Jean-Paul II (Extrait d’un sermon)

«Les petites annonces contiennent toute la vérité que l’on puisse trouver dans un journal – Thomas Jefferson (Discours)

«Un journaliste, c’est quelqu’un qui a manqué sa vocation – Otto von Bismarck

– L’éducation :

«Nos progrès en tant que nation dépendront de nos progrès en matière d’éducation. L’esprit humain est notre ressource fondamentale – John Fitzgerald Kennedy

 «Il y a des pays où l’état paie l’étudiant et lui dit merci – Félix Leclerc

«Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnaît et qui la frappe a toujours tort– François Mitterrand (discours à l’Assemblée nationale, 8 mai 1968)

– La corruption et la fraude

«La fraude est à l’impôt ce que l’ombre est à l’homme – Georges Pompidou

«Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps – Abraham Lincoln

«Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes.» – Joseph Staline

Sur les paradis fiscaux : «Les passeports ne servent jamais qu’à gêner les honnêtes gens et à favoriser la fuite des coquins– Jules Verne (Le Tour du monde en 80 jours)

– L’indépendance

«L’indépendance, c’est comme un pont : avant, personne n’en veut, après, tout le monde le prend – Félix Leclerc

«N’est-ce pas dans le rêve cependant que naissent la plupart des projets qui en valent la peine – René Lévesque

 «La seule chose que nous ayons à craindre est la crainte elle-même.» – Franklin Delano Roosevelt (discours à la Convention)

 «L’indépendance, c’est la clochardisation – Charles de Gaulle (extrait d’un discours, 10 mars 1960)

– L’abstentionnisme galopant

«C’est une maxime bien essentielle dans le gouvernement, de prévenir que les peuples ne tombent dans une sorte d’indifférence qui leur fasse penser qu’il est égal de vivre sous une domination ou sous une autre.» – Louis XVI (Réflexions)

«Quand les Verts voient rouge, ils votent blanc– Raymond Devos

«Dans le doute abstiens-toi.» – Pythagore

– La charte des valeurs

«Être nu n’est pas inconvenant – Mahomet

«La tolérance est la vertu des faibles – Marquis de Sade (La nouvelle Justine)

«Je n’aime pas le mot tolérance, mais je n’en trouve pas de meilleur– Gandhi

«Contre le camp de la majorité silencieuse, j’ai choisi la minorité bavarde – Guy Bedos

– Le pont Champlain (!)

«Les politiciens sont les mêmes partout. Ils promettent de construire un pont même là où il n’y a pas de fleuve – Nikita Khrouchtchev

– Les riches contre les pauvres

« La raison du plus fort est toujours la meilleure – Jean de La Fontaine (Le Loup et l’agneau)

 «Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche – Abraham Lincoln

 «Si la société libre ne parvient pas à améliorer le sort de la majorité des pauvres, elle ne pourra pas sauver la minorité des riches – John Fitzgerald Kennedy (discours d’investiture, 20 janvier 1961)

 «Le monde est gouverné par l’intérêt personnel – Johann Friedrich von Schiller

«Plus les grands patrons néolibéraux augmentent leurs revenus, plus ils estiment excessif le “coût de la main-d’œuvre”.» – Jean-François Kahn (Dictionnaire incorrect)

«Il faudrait, dans le Code Civil, ajouter partout « du plus fort » au mot loi – Alfred Jarry

«C’est une foule impressionnante – les riches et les plus riches. Certaines personnes vous appellent l’élite – Je vous appelle ma base.» – George W Bush (Al Smith dîner, 2000)

«Un pays ne peut prospérer longtemps en ne favorisant que les plus prospères – Barack Obama (discours d’investiture, 20 janvier 2009)

«Dans une société fondée sur le pouvoir de l’argent, tandis que quelques poignées de riches ne savent être que des parasites, il ne peut y avoir de « liberté« , réelle et véritable– Lénine

«Si le grand nombre des mendiants est onéreux à l’État, de combien d’autres professions qu’on encourage et qu’on tolère n’en peut-on pas dire autant– Jean-Jacques Rousseau

«Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère– Winston Churchill

«On n’a pas supprimé la dictature du prolétariat pour avoir celle de l’actionnariat – Lionel Jospin (extrait d’une interview à l’ONU, septembre 1999)

– La révolution (ben oui, on peut rêver)

«Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience – Jean Jaurès

«Quand vous savez que la révolution ne se fera pas, vous avez moins envie d’en parler– Lionel Jospin (Le Temps de répondre)

 «Il n’y a que deux grands courants dans l’histoire de l’humanité : la bassesse qui fait les conservateurs et l’envie qui fait les révolutionnaires – Edmond et Jules de Goncourt

– Le Parti québécois

Contre Pauline : «De nombreux exemples historiques prouvent que la femme, même la plus intelligente, est incapable de séparer, en politique, ce qui relève de la raison et ce qui relève du sentiment.» – Adolf Hitler

«Où la femme règne, le diable est premier ministre– Proverbe allemand

Pour Pauline : «Si vous voulez que quelque chose soit dit, demandez à un homme. Si vous voulez que quelque chose soit fait, demandez à une femme.» – Margaret Thatcher

– Le Parti libéral

«Contenter le peuple et ménager les grands, voilà la maxime de ceux qui savent gouverner -Nicolas Machiavel (Le Prince)

 «Le libéralisme prospère toujours plus que ses partisans le désirent – Otto von Bismarck (discours au Reichstag)

«Les socialistes proposent de travailler moins. Moi, je propose de gagner plus.» – Nicolas Sarkozy (Le Figaro, 31 janvier 2007)

Sur Couillard : «Ne sous-estimez jamais un homme qui se surestime– Franklin Delano Roosevelt

Sur Barrette : «Les grands mangeurs et les grands dormeurs sont incapables de quelque chose de grand – Henri IV

«Matière grasse contre matière grise» – MC Solaar

– La CAQ

«Je n’étais pas un messie, mais un homme ordinaire qui était devenu un leader en raison de circonstances extraordinaires.» Nelson Mandela

«Mon point fort, si j’en ai un, c’est la performance. J’en fais toujours plus que ce que je dis. Je produis toujours plus que ce que je promets – Richard Nixon

– Québec solidaire

«Comment reconnaît-on un communiste ? Eh bien, c’est quelqu’un qui lit Marx et Lénine. Et comment reconnaît-on un anti-communiste ? C’est quelqu’un qui a compris Marx et Lénine.» -Ronald Reagan

(Voter avec sa tête?) «Le cœur d’un homme d’État doit être dans sa tête – Napoléon Bonaparte

«Il faut voter avec son intelligence et non avec ses tripes – Jacques Chirac (Le Monde, 20 mai 1984)

… contre Québec solidaire : «Le meilleur gouvernement est celui d’un seul chef– Saint Thomas d’Aquin (Somme théologique)

Conclusion

«La citatiomanie est notre plus grande ennemie – Lénine

– OK, j’arrête.

L’ère de la pop virale

micro
Avant le règne de l’internet, un succès de musique pop suivait généralement le processus linéaire suivant : une riche compagnie de disques signait un contrat avec un artiste ou un groupe, produisait son album, choisissait un titre prometteur, faisait pression sur les stations de télé et de radio pour passer ledit titre, et engrangeait les revenus de la vente des cédés (vinyles, cassettes).

On le sait, les règles ont changé et les supports de diffusion ont volé en éclats. La création d’un succès musical populaire est sans doute plus subtile, mais un schéma ressort clairement ces derniers temps, et je m’aperçois que je suis devenu malgré moi un rouage de cette nouvelle logique, chose que je refusais autrefois avec la véhémence du végétarien à qui on tend un hot-dog.

La pop est devenue virale. Et quand je dis pop, je veux dire musique populaire, même si ça sonne soul, rock, funk ou électro.

En 2014, la combinaison gagnante pourrait se modéliser ainsi. Un producteur de musique (petit ou gros) lance sur Youtube le clip de son poulain. Parfois, le poulain s’en charge lui-même. Pour des raisons trop longues et trop hasardeuses à expliquer, la chanson devient virale et vous la voyez passer sur votre mur Facebook. Fin du premier acte. Deuxième acte : la chanson (ou son clip) fait l’objet de reprises qui elles-mêmes deviennent virales et alimentent en amont le succès de la version originale. En effet, pour bien apprécier une reprise, il vaut mieux connaître le point de départ.

D’abord hésitant, ce cheminement viral semble se renforcer à chaque nouveau «hit», et il n’y a habituellement qu’un seul vrai gagnant à la fois, comme si Internet devait se relubrifier les tuyaux avant d’accueillir le ver d’oreille suivant.

Comme j’écris ce texte en mars 2014, je vais prendre l’exemple de la saveur du mois, le très jouissif Happy, de Pharrell Williams.

Si j’en crois Youtube, il est apparu en ligne le 21 novembre 2013, mais la plupart d’entre nous ne l’ont vu et entendu que vers la fin du moins de février. Il serait humainement impossible d’en recenser les covers, mais j’ai, comme vous sans doute, ma liste d’artistes sans lesquels je considère qu’un succès n’a pas atteint son plein potentiel viral : les néo-hippies de Walk Off the Earth, le quintette vocal Pentatonix, mes chouchous de Pomplamoose (qui ont ici opté pour un medley). J’attends bien sûr la version acoustique de l’incontournable Jimmy Fallon & The Roots, et la suite du tsunami de reprises tout aussi inspirées, dues cette fois à de parfaits inconnus. Par exemple : un violoniste de rue, un joueur de ukulélé asiatique de 6 ans, une imprimante à aiguilles ou un mime péteur avec une scie musicale.

Ce n’est pas le chemin de cette chanson que je veux illustrer ici, mais bien celui de celles qui l’on précédée et de celles qui la suivront. Car avant Happy, c’était Get Lucky, précédé de Blurred Lines, précédé de Thrift Shop, précédé de Call Me Maybe, précédé de Somebody That I Used to Know, précédé de finissez cette liste vous-même.

Si je connais toutes ces mélodies, si vous les connaissez aussi, c’est la preuve que ça fonctionne et qu’il y a un peu de nous dans le processus. Tiens, ça me donne l’idée de créer une plateforme pour partager ce genre de vidéos. Je l’appellerais Votre tube

Chevaliers de la Table Tournante

Quelques millions d’exemplaires vendus, une trâlée de méga-hits, une prestation all-stars de Get Lucky et cinq trophées aux Grammys d’hier. Mes compatriotes Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo, alias Daft Punk, preux chevaliers de l’électrométissage, méritaient bien ce petit hommage.

Daft Punk

Sport et boulechite

Ça fait longtemps que je veux écrire sur la façon dont les grandes marques de chaussures de sports brainwashent le public, et particulièrement les jeunes. Mais comme personne n’aime lire de longs articles bien documentés, j’ai résumé ça par ce petit visuel…

boulechite sportive

spot bullshit

Mes tribunes…

micro
Je suis un homme de communication. Ce n’est pas de la prétention, c’est comme ça. Je ne suis pas une machine à mots ni un orateur hyper charismatique, mais j’ai besoin de m’exprimer. Souvent. J’étais un petit garçon communicatif et j’ai grandi sans perdre le goût de parler ni la curiosité de comprendre. À chaque fois que je suis témoin de quelque chose, j’ai une analyse à partager. À chaque fois que j’ai un micro, j’ai un message.

Depuis longtemps, c’est la même chose quand je joue de la musique devant un public : je savoure ce moment où c’est moi qui émets vers quelqu’un qui reçoit (plus ou moins).

Depuis quelques mois, je coanime le Cabaret des auteurs du dimanche, une autre belle occasion d’exprimer une facette mi-sérieuse mi-givrée de ma personnalité.

Le 16 octobre dernier, j’ai été invité à l’émission Montréalité sur la chaîne MAtv, pour parler du code de la rue, un projet que j’avais initié en 2008. Malgré la relative aridité du sujet et le public limité de la chaîne, j’aime cette fenêtre d’expression qu’offre la télévision, tout comme j’avais aimé débattre de ma réalité de pigiste sur les ondes radios de la SRC.

Tout ça pour dire que je me remettrais volontiers à donner des conférences. Parce que c’est un peu le nirvana du communicateur, de parler de ce qui nous anime devant des gens qui veulent nous entendre.