Auteurs et tubercules

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Je l’ai vaguement mentionné sur ce blogue (et martelé sur Facebook), je co-organise et co-anime le Cabaret des auteurs du dimanche, un formidable évènement littéraire dont vous saurez presque tout en allant voir le blogue, mis à jour par mes soins.

Ces dernières saisons, j’y ai tenu plusieurs rôles : celui du sniper (compléteur de citations), celui du bricoleur d’alexandrins, et celui de Maître Robert Larousse, l’homme qui écrit des dictionnaires dans ses moments perdus. Mais je n’avais jamais été un auteur, dans le sens où je n’avais jamais écrit et lu un texte de 1000 mots sur le thème choisi le dimanche précédent.

C’est maintenant chose faite. Dimanche 13 octobre, sur le savoureux thème «tubercule», je me suis commis avec ce texte. Pour la bonne compréhension de l’action, il faut prononcer Youtübe avec un accent français : iou-tube, comme un tube.

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Test de son one-two-one-two. Test de lumière : les lumières sont allumées? OK. Enregistrement : «vidéo rec.»… (expire)… Ça tourne!

Je vous préviens tout de suite : je vais effacer mon compte. Je vais tout effacer et vous ne pourrez plus jamais jamais voir mes 37 vidéos. Je vous préviens : je vais le faire. Je vais le faire dans sept jours. Et chaque jour, je vais mettre en ligne une nouvelle vidéo où… où je compterai les jours avant que j’efface tout, OKAY?

Oui, je suis un peu maladroit. Comme tous les colosses. Mais si mon pseudo vous a fait rire, c’est pas mon problème, c’est à cause de votre esprit tordu. Sur Youtübe, on est qui on veut. Je me cherchais un nom d’homme fort légendaire et j’ai pensé à Hercule, comme dans un vieux film avec des dragons. «Les douze travaux d’Hercule», inspiré d’Astérix. Et comme je voulais que ça fasse techno, j’ai inventé un nom qui me paraissait assez clair. «Youtübe Hercule». Et pis là ça a ri, ça s’est moqué! Et vas-y que je te traite de «grosse racine», de Monsieur Patate et gnagnagna… L’autre jaloux, là, TrollInTheDark96, qui me demande ce que «Youtübe Hercule ose», pis toute sa petite gang qui ricane! Et les like de ses commentaires de cul qui dépassent ceux de mes vidéos…

Oui, j’aime ça, les chips, les frites… les croquettes McCrocket. Comme tout le monde. Pis je dois bien me nourrir. Me nourrir bien, je veux dire. C’est important l’alimentation, pour un athlète de haut niveau. Et les tubercules sont aussi dans le Guide alimentaire canadien, vous saurez! Y’a des fibres, là-dedans, qui font les hommes forts.

Avant, j’étais intimidable. Un tit minable comme disait TrollInTheDark96. Au secondaire, j’ai vécu l’enfer. C’est sûr, c’était pas l’idée du siècle de me filmer devant le rideau de la salle communautaire en train de faire des move de Star Wars avec un sable en caoutchouc. Jamais pu trouver le bouton erase de la caméra du club cinéma. The rest is history

Mais je m’en fous, moi. Vous pouvez rire, la Terre entière peut rire, je m’en fous complètement. Ça ne me fait rien du tout. E-rien! Parce que moi, je suis pas un perdant, non. Je suis un… vainqueur et un gagnant. Bon, je fais attention avec ces deux-mots-là parce qu’ils veulent dire la même affaire, et que des fois, je les mélange et je dis «gagneur» ou «vainquant». Pis la dernière fois que je me suis traité de vainquant sur Youtübe, TrollInTheDark96 a écrit «Ouin, pas mal con, vaincant!»» pis il a eu 174 like.

Je crois en la force. Je crois en Louis Cyr. Je crois en Antoine Bertrand! Il est comme moi, fort avec une baby-face. Un grand bébé de 300 livres! Sauf que moi, je suis moins lourd, ouais. C’est vrai que je fais 5’2’’… Louis Cyr avait mon genre de régime alimentaire : il mangeait beaucoup sur son temps d’entraînement.

Oui, je pourrais parcourir les foires en région pour impressionner les gens et défier les hommes forts. Je pourrais tout à fait, je ne suis pas une «poule mouillée». Mais je préfère me montrer sur Internet pour rejoindre plus de monde : mon public, c’est la Terre entière!

Pis oui, j’ai une vie! C’est quoi, l’idée de me dire que j’ai pas de vie! J’habite pas un sous-sol. C’est un DEMI SOUS-SOL, Okay? Pis si t’aime pas mes posters des Transformers, va chier, c’est toi qu’a pas de vie.  Oui j’ai des amis. Pis je.. euh fréquente des filles. Ouais, filles comme dans «pitoune». Pis c’est pas la peine de me dire pour la millième fois que la dernière fois que j’ai parlé d’un rendez-vous avec une pitoune, j’ai écrit poutine, à la place. Je suis maladroit… et dylsex… dlislex… mélangé dans mes mots.

Je suis fier de ce que j’ai accompli. En regardant juste deux ans en arrière, j’aurais jamais cru que j’arriverais à des milliers de vues pour chacune de mes vidéos! À des dizaines de like! À des centaines de dislike… J’ai fait tout ça pour l’amour de la force et pour inspirer des jeunes à se dépasser. On devrait me remercier pour ça, au lieu de m’écrire des bêtises. J’ai choisi de faire quelque chose de ma vie et de sortir la tête de mon nombril. En passant, je suis tanné des jokes de nombril. Dans mes vidéos, je montre ma force herculéenne qui s’appelle comme ça grâce à moi, et je fais toutes ces choses incroyables qu’on peut faire quand on a la force en soi. Sur ma chaîne Youtübe, j’ai montré comment je peux tordre une vraie fourchette en fer, ou comment j’écrase une canette de Fruitopia dans mon poing d’acier. Grr! J’ai aussi déchiré un bottin. Professionnel. De Pointe-aux-Trembles. C’est pas le plus gros bottin, mais quand même. Shlack! J’ai aussi soulevé des charges inhumaines, comme un coffre rempli de billes de plomb. Oui, elles étaient VRAIMENT en plomb. Ça existe de toutes les couleurs, les billes de plomb. J’ai aussi fracassé des matériaux de construction : du gyproc, du styrofoam (mais gros), et des planches de bois… pis NON, il n’y avait pas de coupure entre le coup de karaté et la planche brisée : c’est juste ma caméra qui a fait le saut à cause de la puissance du choc.

Non, je suis pas le meilleur pégago… pédogog…, je suis pas le meilleur pour EXPLIQUER la façon de devenir une personne plus forte. Je ne suis pas un professeur, je suis un combattant. Et même un battant. Mon énergie, je la mets dans mon corps. C’est pour ça que je fais des vidéos au lieu d’écrire des livres. Ou un blogue. Ma force à moi, elle est dans mes muscles, pas dans mon cerveau, même si je crois à la « force du mental » que j’avais vu dans une vidéo de sport.

Y’a des jaloux. Plein de jaloux. Mais heureusement, j’ai mes fans! Je tiens à les remercier tous les trois : ma maman, matante Lucienne et toi, calinours_b450, que je ne connais pas mais qui me soutiens depuis le tout début. Vous êtes là pour me confirmer que ce que je fais est bien.

Mais là, faut que ça arrête. Le ptit comique qui trolle toutes mes vidéos en faisant des commentaires pseudo-drôles genre «avance Hercule», c’est toi qu’a un problème de maladie mentale. T’es malade. je vais même te dire comment ça s’appelle, ce que tu as : ça s’appelle trimozi… trozimi… ça s’appelle mongol, bon!

C’est à cause de mauviettes dans ton genre que les gens n’apprécient pas ce que je fais. C’est aussi de ta faute si les commanditaires que j’ai appelés dans plusieurs de mes vidéos ne m’ont jamais contacté. Ils veulent des athlètes qui ont une bonne image et vous gâchez tout avec vos sacras… sracsam… vos conneries!

Mais je vais tout effacer. Ou je vais peut-être vous laisser une dernière chance, mais là, ce sera vraiment la dernière. Parce que je pense que je peux être encore utile pour les jeunes. Je crois qu’il y en a qui me regardent et qui ne veulent pas perdre Youtübe Hercule.

Publier. Autolike.

L’appel de l’équipe

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J’ai mis des années à me définir comme un travailleur autonome et j’arrive presque au point où mes années de pigiste équivalent à mes années de salarié.

Pourtant, sans que mes valeurs n’aient changé, je sens l’envie irrépressible de me joindre à nouveau à une entreprise à plein temps pour y retrouver ce qui me manque : une équipe qui me stimule et me remet en question, des projets de plus grande envergure, une structure qui compense mes lacunes (en prospection, négociation, rédaction de devis, facturation, relance), des partenaires à portée de main, une machine à espresso.

Pour mes clients chéris, j’honorerai mes mandats en cours et je resterai probablement un pigiste du week-end.

Alors c’est officiel : je cherche un emploi.

En direction artistique ou en direction de création. Avec du web, du mobile, de l’identité visuelle, du viral, de la communication visuelle. Avec un ou deux pieds dans la production. Si vous insistez, je peux même ajouter de la stratégie, de la conception-rédaction, des conférences et du blogage. Pas en pub. À Montréal. Équipe allumée souhaitée. Avantages sociaux un atout.

Portfolio ici, cévé .

Engagez-vous : engagez-moi!

La maison de mon enfance

clé

Je vous propose un petit jeu. Un vrai jeu, sans commanditaires ni récompenses.

1. Trouvez la maison de votre enfance sur Google Maps. Si vous avez vécu des déménagements, choisissez la maison où vous avez passé le plus de temps ou celle qui compte le plus pour vous.

2. Publiez le lien (petit pictogramme en haut, juste à gauche de l’image) ou une capture d’écran, en mode ‘‘street view’’.

3. Précisez l’adresse et l’époque à laquelle vous viviez là.

4. Racontez ce qui était différent, par rapport à la photo.

Nostalgie garantie!


Agrandir le plan

150, boulevard Pereire, Paris, 17e arrondissement. 1er étage, sur la rue. La fenêtre qui est juste au-dessus du numéro 150 est celle de ma chambre d’enfant. Les deux suivantes sont celles de la salle à manger et la dernière, la chambre de mes parents.

J’y ai vécu 24 ans (1966-1990), de ma naissance à mon entrée dans la vie professionnelle. À cette époque…

  • la rue était pavée et non asphaltée;
  • la «zone de livraison» n’existait pas;
  • la pierre de façade était sale;
  • le resto avait un autre nom;
  • la terrasse du resto était délimitée par des gros bacs à fleurs qui réduisaient de moitié la largeur du trottoir;
  • l’auvent du resto n’était pas rétractable;
  • la porte de l’immeuble n’était pas grise mais bordeaux;
  • la borne de stationnement verte n’existait pas;
  • le rideau métallique n’existait pas sous cette forme.

À vous!

Le Cabaret des auteurs du dimanche

Cabaret des auteurs du dimanche

J’ai fait l’affiche. J’y participe. Je le co-anime. Je le veux. J’y reviendrai.

Lettre à un jeune Trudeau

nez de clown

Mon cher Justin,

Que tu le veuilles ou non – et tu le veux en tabarnak – tu représentes l’espoir, dans le Canada de 2013.

Soyons clair : je ne crois pas une seule seconde à ta bullshit bilingue, Justin. Pas plus qu’à ton opération de séduction, à tes tentatives pour intéresser les pages people des magazines, à ton amour des animaux (morts), à tes sermons hollywoodiens. En fait, ton statut de Messie à la défense du libéralisme-pancanadien-serviteur-des-puissants ne correspond pas exactement au modèle dont l’humanité a besoin. Bref, tu n’as jamais été mon premier choix, et «clown» est le qualificatif qui me vient généralement en tête quand ta face bouclée envahit mon téléviseur.

Pourtant, un peu malgré toi, tu représentes l’espoir.

C’est qu’il y a de grandes chances que tu sois le prochain CEO chef du PLC. Après avoir essayé ton paternaliste papa, Turner la comète, Chrétien le plouc, Martin l’évadé fiscal, Dion le piteux et Ignatieff l’intello, tes camarades vont logiquement se payer un modèle tout neuf : le jeune premier.

Et quand tu seras assis sur ton trône paternel, tu seras la seule chance objective de déloger le gouvernement Harper aux prochaines élections.

Vois-tu, le gouvernement conservateur joue un jeu extrêmement lucratif à court terme mais intenable à long terme. Il réintroduit des valeurs poussiéreuses et toxiques, saccage l’environnement, abandonne Kyoto, couche avec le lobby pétrolier, subventionne les marchands d’armes, vend nos ressources à la Chine, évangélise le Canada, refuse le débat, muselle les scientifiques et les statisticiens, affame la culture, sabre dans l’information, bâillonne l’opposition, ouvre la porte au créationnisme, célèbre la monarchie anglaise, ignore les Premières Nations et méprise les chômeurs. Sans compter l’absolu mépris qu’il a du Québec, ayant fait la démonstration en 2011 qu’il pouvait être largement élu sans son appui.

Je te raconte tout ça, Justin, mais tu le sais déjà : ce sera probablement la colonne vertébrale de ta ligne de campagne. Tiens, rien qu’aujourd’hui, Harper nous fait encore honte en retirant notre plusse beau pays d’un projet qui concerne pourtant la survie du tiers-monde. On ne parle plus de valeurs divergentes ici, mais de survie des peuples, de sauvetage de la planète. Parce que, sous l’Honorable Harper, l’unifolié est une feuille morte.

J’ai interrogé des amis mieux informés que moi, ils m’ont confirmé que, hormis une révolution, il n’existe aucun moyen de destituer cet imposteur, gracieuseté de notre modèle de monarchie parlementaire à la con. Laissons voter les lobbies et fermons nos gueules en contemplant le naufrage. On est a mille milles de la démocratie, a.k.a. pouvoir du peuple.

Anyway, tu l’as toujours eu facile, dude. Physique avantageux, entré en politique dans les souliers de papa, vainqueur d’une course au leadership dont personne ne voulait… Ton karma se répètera : notre enfer quotidien sera le tapis rouge qui te mènera à la tête d’un pays.

Alors Justin, je n’irai pas jusqu’à voter pour toi, non, mais puisque tu seras probablement le prochain Premier Ministre du Canada sans mon aide, tu représentes l’espoir : celui de mettre un terme à l’horreur absolue pour revenir au statu quo habituel.

Les lendemains chantent faux, mais ils chantent tes louanges, mon cher Justin! Fais-en bon usage.

Noir et métal

montre

En rassemblant des objets familiers pour constituer la banque de photos qui servira éventuellement à illustrer les articles de ce blogue, je me suis rendu compte que presque tous sont noirs. Ou métallisés (chromés ou brossés). Ce que j’ai dans les poches, sur mon bureau ou dans mon sac est dénué de couleurs.

Noirs, mon réveil, mon agenda, mon portefeuille, mon porte-cartes, mon cellulaire, mon écran, mon vélo, mon sac à dos, mon sac de taille, mon déodorant, mon lecteur mp3, mon micro, mon ampli, mon répondeur, mes appareils numériques, mes haut-parleurs, mes gants, mes bagages.

Métal, mon porte-clés, mon taille-crayons, mon pot à crayons, ma corbeille à papier.

Noir et métal, mon ordi, mon stylo-plume, ma montre, mes lunettes de vue et mes lunettes de soleil, ma souris, ma tasse à café, mes outils, mes écouteurs, mes patins.

Non, ce n’est pas une surprise, mais c’est un peu décevant. Pour un directeur artistique, c’est même un peu gênant, j’avoue. N’ai-je pas une responsabilité visuelle, un devoir de propagation du Beau? Ne devrais-je pas agir en prophète de la Couleur et prêcher par l’exemple?

Apparemment, non. Ou peut-être que oui, et j’échoue.

En matière de création, j’ai toujours cru à l’instinct, et le mien ne m’a jamais poussé à être une vitrine de ma créativité. À vue d’œil, je ne suis pas un excentrique. Récemment, une cliente sérieuse – dans le domaine bancaire – m’a confié que, quand elle avait appris qu’un directeur artistique interviendrait sur son mandat, elle s’attendait à voir arriver un type avec les cheveux rouges et des piercings plein la face. J’ai bien senti que je l’avais déçue.

Si mon instinct m’a parlé, c’était pour me conseiller de coller à mes préceptes philosophiques qui sont de s’adapter à l’environnement et de mettre mon énergie dans ce qui constitue ma raison d’être. J’ai donc opté pour une forme de neutralité d’apparence. Laquelle doit beaucoup au noir et au métal, par les temps qui courent.

Mon (non-)look est noir, gris, basique, sans débat. Et je n’ai pas l’excuse d’être un Monsieur qui s’«habille» pour aller au bureau, celui que Gotainer appelait costard-cravate et qui, dans ses moments de folie, combinait sa veste grise avec son pantalon marron. Non, je ressemble finalement à un geek sans originalité, post-ado éternel dans un t-shirt funny.

D’un autre côté, qui a dit que mon apparence devait être mon statement professionnel? Personne? Ouf.

Jeune adulte, j’avais même décidé de ne m’habiller qu’en bleu. C’était surtout un choix de facilité. Et, croyez-le ou non, j’ai tenu le cap plusieurs années avant de me lasser tout seul de cette contrainte imbécile. Pour finir par tomber dans le noir (et métal), comme une bonne partie de la population masculine occidentale (même celle qui n’écoute pas de métal).

D’où mon questionnement : aurions-nous collectivement peur des couleurs?

Anecdote. Il y a une douzaine d’années, je travaillais au 28e étage d’une tour au centre-ville de Montréal. Un jour d’été, alors que j’observais par la fenêtre cet environnement urbain de verre sombre, d’acier et de béton, j’ai vu une tache. Tout en bas de ce décor incolore, entre deux voitures grises, une Beetle rouge, insecte urbain vermillon dans un monde gris. Pour son – ou sa – propriétaire, le choix de la couleur était sans doute anodin. Je vais la prendre en rouge parce qu’elle est plus cute qu’en noir. Pourtant, un extraterrestre qui débarquerait dans ce quartier d’affaires et verrait cet objet inconnu en total contraste avec son milieu serait porté à s’interroger. Peut-être prêterait-il à cette chose un rôle symbolique fort ou même une fonction mystique. «Leur dieu est rond et rouge.»

Ben non, Chose, leur dieu est noir et métal.

Poivre et cell

Mon cell contre ton poivre