Article original publié sur On fait du web le 21 janvier 2011
Nouvel épisode dans la guerre que se livrent les fournisseurs de technologies : le fabricant de téléphones Sony Ericsson vient de déposer une plainte contre Clearwire sous prétexte que le nouveau logo «CLEAR WiMAX» ressemble trop au sien. Il faut préciser que les deux compagnies devraient se retrouver prochainement en concurrence sur le marché de la téléphonie cellulaire.
Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’un tribunal devra se prononcer sur un présumé plagiat de logo. Mais ce qui m’amuse, c’est que ces deux logos sont de purs exemples d’une mode issue du marketing d’Apple et du graphisme «2.0». En effet, entre 2004 et 2009 environ, les billes colorées ont déferlé dans notre univers visuel, et la ressemblance entre ces deux logos verts pourrait bien être due au simple fait que deux graphistes ont suivi le même courant.
Article original publié sur On fait du web le 10 janvier 2011
Je fais du design Web depuis que le design Web existe et j’ai vu passer des modes. Tous les trois ou quatre ans, l’approche visuelle change sans se contredire tout à fait, de nouveaux courants émergent sans réellement noyer les autres styles. Mais une chose reste vraie : le bleu est la couleur neutre.
Le blanc intimide par sa virginité. Le noir fait peur. Le gris distille une pesante austérité. Le bourgogne (ou bordeaux, pour les Français) n’a plus la cote. Le vert et le mauve rebutent un bon tiers des internautes. Les couleurs franches sont jugées trop violentes; les textures, trop lourdes.
Article original publié sur Facebook le 17 novembre 2010
Je mène ici une petite expérience. Premièrement, en attendant le blogue que je n’ai jamais le temps de mettre en ligne, je vais une fois encore utiliser la fonction «articles» de Facebook, mais cette fois, pour un billet à saveur graphique. Ce qui n’est pas la vocation initiale de la plateforme sociale, d’où mon image qui se retrouve en fin d’article et non en «chapeau». Par contre, en rendant cet article accessible à tout le monde, la propagation virale facebookienne pourra jouer pleinement son rôle, même si le logo de Laval a peu de chances d’intéresser la planète entière.
Deuxièmement, je vais utiliser cet exemple comme réponse à ceux qui me demandent parfois «Comment pouvez-vous analyser un logo ? Le graphisme n’est-il pas une simple affaire de goût ?». Eh bien non.
Enfin, pourquoi le logo de Laval ? Pourquoi maintenant ? Pour tout dire, ça fait un longtemps que ce logo m’interpelle car j’y vois une formidable démonstration de manque de contrôle visuel. Et les projecteurs de l’actualité sont tournés cette semaine vers la riante bourgade, mettant accidentellement ledit logo en vedette. Analyse graphique.
Comme toute grande ville, Laval (banlieue nord de Montréal) possède son logo. Autrefois, les villes avaient des armoiries, elles ont maintenant des logos au même titre que n’importe quel produit ou service. Le site Web municipal nous indique que Laval, troisième ville en importance au Québec, «a été officiellement incorporée le 6 août 1965». Les seules informations que j’ai pu trouver sur le logo viennent de Wikipédia : «Le logo de la ville symbolise le L de Laval. Le L […] est formé de cubes qui représentent le développement de Laval. Les lettres de la signature Laval sont liées l’une à l’autre pour rappeler la fusion des 14 municipalités de l’île Jésus. Le logo existe depuis les années 1980.»
Première surprise : si ce logo a été dessiné dans les années 1980, il est né en retard sur son époque! Typographiquement, il porte clairement l’influence les années 1970.
Notre logo peut se décomposer en deux éléments : un pictogramme (le L en 3 dimensions) et une typographie (LAVAL).
Le pictogramme représente un L majuscule vu en plongée (c’est-à-dire du dessus) selon une perspective axonométrique. Axonoquoi? La perspective axonométrique est une représentation descriptive surtout utilisée en dessin technique. Elle n’existe pas dans le monde réel car elle n’a pas de point(s) de fuite. Le résultat est que ce L ressemble à une théorie de volume, impression renforcée par ces contours noirs appuyés. Et comme sans points de fuite, il n’y a pas de différence d’échelle entre le premier et le deuxième plan, la base du L paraît… lourde.
Les couleurs du picto n’arrangent rien à l’affaire. «Le pourpre représente habituellement la richesse et représente ici le grand potentiel économique de Laval», mais il n’est plus vraiment dans la tendance depuis un quart de siècle. «Le bleu symbolise la qualité de vie et l’aménagement d’une ville humaine». Et aussi le ciel, la mer, la pureté, le rêve, le Parti Conservateur, etc. Le bleu étant la couleur la plus utilisée en image de marque, sa symbolique sémantique est proche du néant… Reste le blanc, qui dégage une impression de vide à côté de ces tons foncés, et qui, avec un peu d’imagination, pourrait ressembler à de la neige sur des blocs de béton. Bref, tout ceci est froid, raide et lourd.
Cela est-il compensé par la partie typographique ?
Le graphiste (appelons-le graphiste pour simplifier l’étude) semble avoir été inspiré par le palindrome que constitue LAVAL : oui, c’est un mot qu’on peut lire dans les deux sens! Ravi par ce constat, notre graphiste a choisi une police de caractères – dont le nom est heureusement tombé dans l’oubli – et a augmenté la hauteur des deux L, l’initiale et la dernière lettre. Le «AVA» central, seul élément comportant des courbes et prouvant l’existence du compas, subit lui aussi un effet miroir perceptible dans la barre des deux A. Mais comme si ces caractères n’étaient pas assez gras, notre gribouilleux de la Rive-Nord a appliqué un effet 3D aussi large que les lettres elles-mêmes, qui noie dans le béton tout espoir d’élégance ou de raffinement. Bienvenue à Laval, Union Soviétique!
La surprenante disproportion entre le picto et la typo pourrait laisser croire que la ville s’étend à l’ombre des HLM; elle s’explique probablement par la farouche volonté de donner une hauteur égale aux «cubes» et aux L. Mais, rendu à ce point d’incompétence graphique, who cares?
Prenons maintenant quelques pas de recul pour constater l’ampleur des dégâts. Disons que pour symboliser un lieu peuplé par des humains, on aurait pu s’attendre à de la rondeur, de l’histoire, de la nature, du dynamisme… plutôt qu’à un duel entre une règle et une équerre sur fond de guerre froide. Et une mise à jour aux 30 ans, c’est vraiment trop demander?
Je vous le dis, ne cherchez pas le scandale lavallois DANS des enveloppes municipales : il est imprimé DESSUS!
Toute la vérité sur la véritable ambition du président Sarkozy : devenir un acteur comique adulé… comme Louis de Funès! Le Président Sarkomique ne reculera devant aucun effort pour réaliser son rêve…