Sous la robe, le doute

Article original publié dans Cent Papiers le 25 septembre 2007
bible

Le dramaturge newyorkais John Patrick Shanley le proclame : «c’est le doute (si souvent ressenti au départ comme une faiblesse) qui fait changer les choses. Quand l’homme se sent incertain, quand il flanche… il est sur le point de grandir». Le doute, sentiment trouble et insaisissable, est bel et bien le personnage principal de la pièce qui porte son nom.

L’auteur situe l’action dans le contexte de sa propre enfance : une école catholique du Bronx, dans les années soixante. Beau paradoxe que la confrontation de ce lieu de moralité et d’une époque marquée par les remises en question. L’espace cloîtré de l’institution est un terreau fertile pour l’incertitude humaine, mais il en émane un message universel sur le rapport fragile entre l’autorité et la responsabilité individuelle. La thématique éponyme enveloppera d’ailleurs l’histoire jusqu’à la fin : l’auteur attend du spectateur qu’il doute. Probablement. Peut-être.

Disons-le tout de suite, ce Doute unanimement acclamé à Broadway réussit admirablement son adaptation chez nous, et mérite des éloges. C’est une intrigue tendue, intelligemment construite sur une écriture sans relâchement, et – joie ! – elle est servie chez Duceppe par une équipe de haut vol. La traduction rigoureuse de Michel Dumont, le magnifique décor de Richard Lacroix, la mise en scène précise de Martine Beaulne et le jeu solide des quatre comédiens servent parfaitement l’humanité de la thèse. Car si l’institution religieuse cloisonne les esprits, les personnalités, elles, doivent rester claires comme autant de bougies allumées au fond d’une église.

Au fait, de quoi doute-t-on ici? De la conduite du prêtre en charge de l’éducation physique des garçons, à qui l’on reproche en somme d’avoir été… trop physique. Si le mot pédophilie n’est jamais prononcé, d’autres, plus pudiques, hantent les personnages : séduction, relation malsaine, abus. Né de peu de choses dans l’œil de la directrice, ce soupçon se trouve étouffé par de nombreux carcans : les murs de l’institution, la culture du secret, l’incommunicabilité entre prêtre et religieuse, la présence d’un élève noir, les préjugés et tous les tabous dont les seuls noms sont proscrits. Pour éclore, la vérité devra donc emprunter des chemins détournés, tout comme les sermons du curé.

Dans cet impeccable jeu de suspicions, tout est d’un noir charbonneux, en contraste avec la blancheur des visages. Visages qui scrutent, visages qui pensent, visages qui confrontent, visages qui doutent. Ironiquement, la vraie touche de couleur arrive avec l’intrusion de l’unique personnage laïque : la mère de la victime présumée.

Du texte de Shanley ressort la volonté de ne pas prendre parti quant à la culpabilité du prêtre. On pourrait dire que la direction d’acteurs se montre un peu plus partiale, et c’est son droit. Quoi qu’il en soit, l’auteur respecte trop la multiplicité pour imposer une morale. À chaque spectateur de se débrouiller avec sa conscience.

Une pièce à voir sans aucun doute!

Fishy Films

Série de détournements d’affiches de films sur le thème de la pêche, originalement publiée en juillet 2007 en deux parties.

Partenaire : NVI
Client : Bounty Fishing

American Pike

Anglin' Power

An inconvenient trout

Catch me if you can

Catfishwoman

Charlie's Anglers

FT

Krill Bill

Ray

Swim free or die hard

The Codfather

The Da Vinci Cod

The lord of the lings

The Silence Of The Carps

Fusion, profusion… et banjo

Article original paru sur Canoë le 6 juillet 2007

banjo

Il serait tentant de présenter Béla Fleck & The Flecktones comme une attraction de foire, une curiosité unique au monde.

La formation américaine, sous son état actuel de quartette, est en effet une galerie de prodiges, jugez-en par vous-mêmes.

[Suite]

Bona ressuscite Pasto!

Article original publié sur Canoë le 5 juillet 2007

basse

Heureuse initiative : le Festival de Jazz 2007 donne carte blanche à Richard Bona.

Entre un concert avec Mike Stern et Roy Hargrove et des rencontres à saveurs africaines, le bassiste-chanteur camerounais en profite pour s’offrir un bénéfique retour aux sources. On ne parle pas ici de ses sources africaines – toujours à portée de manche – mais de ses racines de bassiste.

[Suite]

 

Global Warming vs. Hollywood Sea Creatures

Image originale publiée sur Bounty Fishing le 4 juillet 2007

Global Warming vs. Hollywood Sea Creatures

Wayne Shorter : la flamme intacte

Article original oublié sur Canoë le 30 juin 2007

sax soprano

C’est un concert à double tranchant qu’a livré hier soir au public montréalais cette légende soufflante qu’est Wayne Shorter. Oscillant entre la totale liberté de l’improvisateur et la structure sophistiquée du compositeur, le saxophoniste et ses compagnons ont fait une extraordinaire démonstration de maturité jazzistique.

[Suite]

Comment ne pas mettre de musique sur un site

Article original publié sur GOREF le 28 mai 2007

écouteurs

Dans son article “How to Convince a Client their Site Doesn’t Need Music”, l’excellent Matt Inman se penche sur un mal dont trop d’entre nous ont souffert, il s’agit donc sans le moindre doute d’une cause humanitaire… en voici mon adaptation en français.

En tant que producteurs de sites Web, nous prenons note d’une demande aussi classique que perverse: la musique de fond. En bons professionnels, nous nous devons de répondre à toute demande absurde avec éthique et aplomb, portant à la connaissance de notre client chéri que sa requête relève visiblement de la mauvaise idée.

[Suite]