Sandwich au Spam

J’ai publié l’article original sur GOREF le 10 avril 2007. Ce blogue ayant été récemment débranché, j’ai obtenu l’autorisation de remettre l’article en ligne ici même – en mettant à jour ce qui ne l’était plus.

Spam

C’est un fait : le spam est une calamité. Que dis-je? Une malédiction.

Courriel sans utilité ni pertinence, qu’on l’appelle pourriel, polluriel, pollupostage, courrier de masse non sollicité ou simplement spam, il transforme nos boîtes de réception en boîtes de déception. Nous avons tous au moins une bonne raison d’haïr le spam et de souhaiter aux spammeurs le sort qu’ils méritent : aller méditer dans la fraîcheur d’une prison, en compagnie de codétenus qui ont élargi leur virilité et acheté du *V1A9Ra* avec un $$$crédit pré-autorisé

Malgré tout, mon but aujourd’hui est de vous faire voir le spam sous un jour aussi positif qu’instructif.

Savez-vous d’où viennent le mot spam et son fatigant concept?

Retour 70 ans en arrière, presque jour pour jour. Alors que les fondateurs d’Internet n’étaient même pas nés, l’épicerie Hormel Foods du Minnesota dépose la marque SPAM, pour SPiced hAM (jambon épicé). Notons que la composition mystérieuse de cette «nourriture» a rapidement donné naissance à quelques blagues et légendes urbaines, l’une de mes préférées étant « Something Posing As Meat »… Bref, le SPAM avait tout pour réussir et, en effet, 2002 marquait chez Hormel la célébration de la six milliardième boîte vendue. Oui, 6 milliards!

Mais la réputation du produit vient d’ailleurs. Elle vient d’un marketing particulièrement agressif, principalement dans des publicités à la radio, où le mot SPAM était martelé jusqu’à l’écœurement. Vous commencez à voir le rapport avec votre boîte de courriels? Nous sommes alors 1970, et le potentiel comique de la situation n’échappe pas à la bande d’humoristes la plus… épicée du moment : les britanniques Monty Python. Cette année-là, sur les ondes de la très respectable BBC, est diffusé un sketch 100 % SPAM! On y voit un couple qui se fait réciter le menu du restaurant où ils sont venus dîner, et où tous les plats contiennent le maudit pâté! Voici cet épisode historique en version vidéo et en version texte. Il n’en fallait pas plus pour que la culture populaire anglophone banalise le concept. À la fin des années 1990, lorsqu’une nouvelle génération d’annonces non sollicitées fait son chemin sur Internet, elle hérite tout naturellement du surnom «spam» (sans majuscules, pour ne pas fâcher les avocats de Hormel Foods)! La suite de cette épopée, vous la lisez tous les matins dans votre boîte de courriel…

Pour compléter le tableau, voici quelques liens qui vous permettront de mesurer le phénomène.

–          Fidèle à l’esprit d’origine, la marque SPAM s’est dotée d’un site web qui cultive une naïveté de second degré.

–          Non contents d’avoir «spammé» la BBC, les Monty Pythons on fondé un Spam Club en ligne!

–          En 2001 a été inauguré le musée du SPAM.

–          Attention, la SPAMMOBILE sera bientôt en tournée dans votre quartier!

–          Croyez-le ou non, à Hawaii se tient le plus gros festival du SPAM, le Waikiki Spam Jam.

–          L’humoriste américain Weird-Al Yankovic a écrit et enregistré Spam, sur une musique du groupe R.E.M. Voici la chanson et les paroles (savoureuses).

–          Voilà un autre court mais vibrant hommage au SPAM…

Pour finir dans le moins rigolo, voici le lien wiki qui vous permettra de pousser plus loin votre culture du spam, ainsi que l’épidémie en chiffres (à mettre dans vos favoris). Et les experts prévoient que le pire est à venir. Un autre sandwich?

Comment ruiner un design Web

Article original publié sur GOREF le 28 mars 2007

sac-poubelle

J’ai déjà eu l’occasion d’écrire tout le bien que je pense du très polyvalent Matt Inman, voici donc l’adaptation de How to Ruin a Web Design – The Design Curve, un article court mais brillant qu’il a publié sur le blog de SEOmoz. Attention : humor anglo-saxon !

Dans le monde des webdesigners, il existe un théorème méconnu selon lequel la qualité d’un design est inversement proportionnelle au nombre d’intervenants non qualifiés impliqués dans sa conception.

[Suite]

 

Les couleurs du web : mythes et réalités

J’ai publié l’article original sur GOREF le 2 mars 2007. Ce blogue ayant été récemment débranché, j’ai obtenu l’autorisation de remettre l’article en ligne ici même – en mettant à jour ce qui ne l’était plus.

cravate

Parmi les enjeux de la création graphique d’un site Web, le choix des couleurs est un gros morceau. On a beau dire que «les goûts et les couleurs ne se discutent pas», il s’agit bel et bien d’un aspect majeur de l’appréciation intuitive de l’internaute. Il faut donc faire les bons choix, et comme aucun mode d’emploi n’existe, voici quelques points à considérer pour que client et designer soient contents.

La couleur est une science. Mais rien ne vous oblige a être un expert, car c’est surtout une histoire de perception. Si la théorie vous intéresse (et vous avez du goût !), voici une très bonne synthèse en français de la colorimétrie, calibration et autres chromatismes. Plus concrètement, la notion d’harmonie prédomine : le but est quand même de générer une réaction positive plutôt qu’une grimace de dégoût!

cercle chromatique

Les contrastes mènent le bal. Sommairement, les couleurs sont définies par leur teinte et leur luminosité. Un truc que j’ai mis au point : coupler deux couleurs complémentaires. J’utilise une dominante sombre et je la stimule par des touches vives, opposées dans le cercle chromatique. Exemples : bleu foncé et orange vif ou pourpre et vert pomme.

Ni trop, ni trop peu. Sauf exception, un site Web monochrome (bâti sur une seule dominante) paraîtra sans relief, sans intérêt. À l’inverse, un site bariolé risque de brouiller l’attention du visiteur et de donner une fâcheuse impression d’incohérence. Conclusion : la pauvreté lasse et l’excès fatigue !

Le noir et blanc : une exception. Qu’ont en commun cette peinture rupestre, cette gravure d’Albert Durer, la première photographie et le prix World Press Photo 2007 ? L’indémodable esthétique du noir et blanc, tellement incrustée dans nos rétines qu’on en oublie l’absence de couleurs pour savourer la force des nuances. L’austérité du rendu concentre la puissance visuelle, ramène les formes à leur essence, et dégage un parfum intemporel. Bien exploitées, les 256 nuances de gris perceptibles par l’œil humain s’harmonisent avec (presque) tout.

Aucune couleur n’est à bannir. Mythe : certaines couleurs marchent, d’autres, non. Croire à cet adage vous conduira immanquablement à produire des sites tous semblables, et on connaît quelques exemples d’entreprises qui ont bâti une image de marque forte sur des couleurs maudites! Saviez-vous qu’avant l’arrivée de Kawasaki en compétition motocycliste, le vert portait malheur sur les circuits? La marque a adopté un vert pomme impossible à ignorer… et a remporté quelques championnats du monde (quoique là, c’est peut-être aussi une question de pilotage)… Amis européens, connaissez-vous l’origine de l’étrange ocre-jaune-tabac de la Fnac? À ses débuts, cette «fédération d’achats» disposait d’un budget de fonctionnement rachitique, et le choix de couleur s’est naturellement porté… sur l’encre la moins chère! 50 ans plus tard, cette couleur sans nom traverse les modes et symbolise la vision originale de cette entreprise à saveur culturelle.

Créez l’accoutumance. Conclusion logique du point précédente : choisir la même couleur que le concurrent est peut-être rassurant, mais c’est en vous démarquant que vous aurez le plus de chance de laisser votre marque. Difficile à vendre, je le reconnais, mais ça vaut la peine d’essayer !

Gris n’est pas la couleur neutre. En Web, à moins d’avoir une bonne raison, oubliez les aplats de gris. Sinistres. Si vous voulez jouer la neutralité, que vous cherchez à construire une interface rassurante, choisissez un bleu foncé. C’est la couleur qu’on « ressent » le moins. C’est aussi la seule qu’on ne peut pas haïr : ne vous demandez plus pourquoi tant de banquiers, d’assureurs et d’administrations l’ont adoptée !

La mode a sa place, le classicisme aussi. Si votre démarche de conception commence par la question « quelle est la couleur à la mode cette année ? », soyez conscient que votre design sera aussi éphémère qu’un défilé de mode. Il est crucial de mesurer le positionnement visuel de votre site sur l’axe originalité vs. confort. Disons que si vous vendez des skateboards extrêmes à Los Angeles, votre public sera plus sensible à l’immédiateté que si vous proposez des assurances pour les ainés !

Nothing is the new black. Noir, c’est noir, et les chats ne sont pas des chiens. En un mot, ne suivez pas aveuglément les gourous de la tendance : ils sont payés pour vous embrouiller. Les courants passent, mais l’inspiration ne s’use jamais. Et si le secret du webdesign tenait en un mot, il serait connu (peut-être même que je vous le dirais).

N’ayez pas peur du noir. Un fond de page blanc ne fait bondir personne. C’est une solution tellement éprouvée que 95 % des contenus texte sur l’Internet se présentent ainsi. Un fond noir, c’est autre chose. Un danger, une angoisse qui surgit de la petite enfance, comme un monstre du garde-robe. Pourtant, une page noire peut être un écrin qui mettra en valeur des images, par exemple. Le noir aspire la lumière et fait briller ce qu’on y pose, c’est pourquoi tant de photographes, d’illustrateurs, de designers et de peintres lui confient leur portfolio.

Vos couleurs peuvent vivre sur le Web. Le client dont vous concevez le site possède déjà ses couleurs « corpo » ? Au moins un logo ? Exploitez ce patrimoine graphique ! Je ne dis pas que si le logo est rouge, le site sera rouge, mais que les couleurs préexistantes ne doivent pas être ignorées. On a déjà vu des sites d’entreprise où le logo semblait être un intrus. Dommage.

Le message d’abord. Avez-vous quelque chose à dire ? Assurez-vous donc que l’internaute puisse le lire ! En plus de votre capacité d’observation individuelle, certaines études ont été menées pour déterminer les associations de couleurs à favoriser ou à éviter pour maximiser la lisibilité.

La couleur hiérarchise l’information. Un fond coloré donne à son contenu une certaine force, selon sa luminosité (mais pas forcément du clair au foncé) et sa saturation (généralement du terne au vif). De la même façon, il est impressionnant de voir comme la teinte d’un texte peut le détacher du reste du contenu.

Web safe is out. Ou, formulé positivement : en 2007, 16 millions de couleurs sont « web safe ». OK, c’est beaucoup trop, votre œil n’en perçoit que 32 000. Le nombre de couleurs utilisables en Web n’est donc plus vraiment limité par la capacité logicielle, mais plutôt par la perception optique humaine. Si votre client était une mouche, ce serait très différent…

Les laptops sont daltoniens. Soyons réaliste : une proportion grandissante d’internautes naviguent sur un ordinateur portable. Et sur la grande majorité de ces diaboliques machines, on ne perçoit correctement les couleurs et les contrastes qu’en se positionnant au pixel près sur l’axe perpendiculaire à l’écran. Et encore. Faut-il brûler les laptops ? Oui Non, mais on gardera à l’esprit que le subtil dégradé sur lequel on a passé deux heures sera invisible pour certains.

À chacun ses goûts. Je sais, c’est un peu paradoxal de finir comme ça, mais on ne doit pas oublier que toutes les théories ci-dessus trouvent leur limite dans l’aspect intuitif de la perception. Préparez-vous à des commentaires de type « j’aime pas le vert », voire même « eurk ! ». Alors si le client n’achète pas votre « fuschia néodécadent », vendez-lui autre chose…

 

Les 10 secrets d’un web designer productif

J’ai publié l’article original sur GOREF le 15 février 2007. Ce blogue ayant été récemment débranché, j’ai obtenu l’autorisation de remettre l’article en ligne ici même – en mettant à jour ce qui ne l’était plus.

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Je précise d’emblée que ce webdesigner productif n’est pas moi! Ce qui suit est l’adaptation d’un article que Matthew Inman a publié sur le blog de MOZ. Non content d’être un graphiste de grand talent, Matt est aussi développeur web et responsable des technologies chez MOZ. Si j’ajoute qu’il est beau bonhomme et qu’il pratique le surf, vous admettrez avec moi que c’est injuste. Mais c’est comme ça. Et là n’est pas notre propos, d’ailleurs. Cette réflexion salutaire sur le design web est digne d’être livrée à la connaissance des lecteurs francophones, et comme j’aime les chiffres ronds, j’ai ajouté deux points à la fin de la liste de Matt…

Mise à jour : Ce Matt Inman vole désormais de ses propres ailes et peut se vanter d’être l’un des auteurs de comics en ligne les plus lus, sous le nom de The Oatmeal. Chapeau, l’artiste!

Le design Web fourmille de frustrations. On s’imagine que l’infinité des possibilités nous offre un champ de liberté totale, mais il faut admettre que nous nous sommes tous retrouvés coincés un jour ou l’autre devant une création qui ne veut pas marcher. Un cul-de-sac. Une page au style bancal, une cohérence graphique douteuse, et le compteur créatif à zéro.

Voici 10 trucs pour s’en sortir :

1. Partez du contenu
Beaucoup de graphistes commencent le travail de conception par l’entête (header) de la page. Pourtant, c’est souvent ce qui se trouve dans la page qui en fait la force, et dans ce cas, le header n’est qu’un «plus». Essayez d’oublier le haut de la page pour vous concentrer sur les éléments de contenu : vous serez surpris de voir à quel point le design global est simple quand le corps de la page est solide. La prochaine fois que vous passerez du temps à finaliser une entête sans avoir défini le contenu, imaginez-vous ajustant votre nœud de cravate devant le miroir… complètement nu!

2. Faites des croquis
Crayons, craies et marqueurs sont vos amis! Il existe paraît-il un célèbre webdesigner qui noircit des douzaines de pages de son petit carnet à spirales avant même d’ouvrir un logiciel graphique : une façon low-tech de définir l’emplacement de ses éléments. L’avantage de cette technique est la rapidité avec laquelle elle permet de tester des principes de mise en page. Griffonnez, griffonnez, et griffonnez encore : chaque croquis vous en apprend un peu plus sur l’aspect de votre future page. Il existe bien sûr des applications comme Axure pour cette étape de conception, mais on peut toujours préférer le doux parfum des marqueurs…

3. Cherchez votre inspiration dans le vrai monde
Si vous vous intéressez au design, vous avez sans doute remarqué les innombrables galeries de CSS et de design web qui ont fleuri, il y a quelques années. Ce sont bien sûr d’excellentes sources d’inspiration, mais un peu de veille artistique dans les médias hors-ligne vous permettra de collecter des idées fraîches. Ouvrez un journal, feuilletez un magazine, regardez les emballages en faisant votre épicerie, arrêtez-vous devant une affiche, scrutez les publicités à la télévision, et soyez attentif aux éléments de premier plan : la typographie, les couleurs, la structure. Qu’est-ce qui fait que cette pub ressort, sur ce magazine? Pourquoi cette boîte de biscuits est-elle si efficace? Il y a tant à apprendre du «monde réel»! Prenez, au hasard, un livre sur les affiches russes des années vingt. Observez comment, dans l’ère pré-web, on savait faire entrer un énorme volume d’information dans un espace restreint sans que ça paraisse saturé…

4. Remettez-vous en question
On a tous passé des heures à créer un super bouton… qui ne s’intègre pas à notre design! On veut tellement que ça marche qu’on finit par dénaturer notre travail à force de jouer avec les lois fondamentales de l’espace et du temps! Respirez. Enregistrez votre bouton dans un répertoire «à insérer» et passez à autre chose. Vous n’aurez pas travaillé en vain puisque ce merveilleux bouton sera prêt, le jour où un design «compatible» pointera son nez.

5. Laissez reposer
C’est bien connu, quand quelque chose vous donne du fil à retordre, le mieux est de le laisser de côté, le temps de prendre un peu de recul et de vous éclaircir les idées. Ne sous-estimez pas le pouvoir du temps, surtout pas en matière de graphisme web. On peut s’acharner sur un travail au point de finir par le détester et de l’enfouir au fond d’un dossier en essayant de l’oublier. Et souvent, quand notre création ressurgit devant nos yeux, on découvre que c’est un chef-d’œuvre! Inversement, il arrive qu’un design naisse dans le plaisir et qu’on réalise le matin suivant de quelle abomination on a accouché! La morale est la suivante : donnez du temps à votre création.

6. Soyez perméable
L’art ne naît pas du vide. Apprenez à mettre le doigt sur ce qui vous touche dans les créations d’autres designers, et nourrissez-en votre art. Ne copiez pas, mais ne vous privez pas de stimuli extérieurs. Soyez critique et affûté. Face à un «design d’enfer», passez le stade de l’admiration pour comprendre comment ça marche. Et comme chaque création est unique, cette opération plutôt agréable est renouvelable à l’infini!

7. Renouvelez-vous
Évitez de resservir les même plats, même si leur goût vous a plu. Prenez par exemple les rectangles avec un dégradé. Très «web 2.0». Ma page manque de corps? Hop, un rectangle avec un dégradé. Mon design est pourri? Tiens, voilà un rectangle avec un dégradé. Résultat : rien n’est vraiment laid, mais tout se ressemble. Pourquoi ne pas essayer de vous donner des contraintes arbitraires, telles que «pas de drop-shadow aujourd’hui» ou «des éléments 2D uniquement»? S’interdire certains réflexes vous obligera à en inventer de nouveaux, et l’épanouissement artistique réside en partie dans votre capacité à produire quelque chose qui ne ressemble à aucune de vos créations précédentes.

8. Soumettez votre travail à votre entourage
Attention : conseil dangereux! Il est très facile de ruiner un design en impliquant un trop grand nombre d’intervenants. Choisissez bien vos partenaires créatifs et assurez-vous de ne collecter que des critiques constructives. On sait ce que peut devenir un bon design d’entreprise entre les mains d’«experts» en graphisme dont le talent, autrefois célébré par leur maman, est resté bloqué au stade préscolaire… Si quelqu’un vous dit que votre création est «pas comme il faudrait» ou qu’il «ne l’aime juste pas», allez donc chercher des idées ailleurs. Exigez des commentaires précis : qu’est-ce qui ne fonctionne pas, quelles sont les pistes pour améliorer la chose? Et soyez humble : toute critique n’est pas nécessairement une atteinte à votre génie!

9. Réduisez votre création à 3 éléments
Quand une page web manque de force, c’est souvent qu’elle manque de structure. Une des solutions concrètes est de la revoir avec une optique de hiérarchisation : quels sont les éléments majeurs? En poussant à l’extrême, on arrive souvent au chiffre 3. Mettons : un logo, une phrase-clé et un visuel. En faisant abstraction de tout le reste, sous quelle forme ces éléments s’articulent-ils le mieux? La réponse à cette question pourrait bien fournir la structure de votre page.

10. Demandez son avis à votre mère
Ce conseil peut sembler en contradiction avec le point 8, il est à prendre avec un grain de sel. Il est instructif et parfois surprenant de demander un avis graphique à quelqu’un dont ce n’est ni le métier, ni la préoccupation. S’exposer ainsi aux commentaires graphiques de sa mère, de son petit neveu ou du plombier est une bonne façon de remettre en question ces petites choses qu’on considère acquises. «C’est quoi, ce truc rond», «pourquoi t’as mis du jaune» ou «c’est un chien ou une souris» sont autant de questions qui nous ramènent à l’aspect intuitif de la création. Savoir y répondre est un autre problème…

Et vous, quels sont vos trucs ?

Web : Medium is Message!

Article original publié sur GOREF le 27 janvier 2007

post-it

Il est temps de remettre à jour le célèbre slogan du sociologue canadien Marshall McLuhan, “medium is message“.

Si on prend le temps d’y réfléchir, tout support de communication est un message en soi : un site Web, un «cyberbulletin», une brochure imprimée ou un dépliant n’ont ni le même but ni la même cible, et ce qu’ils ont à dire tient aussi de ce qu’ils sont. Et, disons-le tout de suite, aucun médium n’est meilleur que les autres. Tout dépend de ce qu’on a à dire. Avant de se lancer dans la médiatisation d’un contenu, il est donc primordial de se poser les bonnes questions, et dans le bon ordre!

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Coma Unplugged : psy-show

Article original publié dans Cent Papiers le 22 janvier 2007

gélule

«J’ai  »peint » un texte, je crois. Le portrait d’un homme. […] Un homme qui a envie de parler. Un homme en état d’urgence. Un homme qui doit prendre une décision vitale. [Denis Bernard, le metteur en scène] y a vu une sorte de cabaret psychique déjanté. […] Showtime! » – Pierre-Michel Tremblay.

Si on doit lui trouver une parenté, cette pièce fait partie des portraits cyniques des trentenaires québécois urbains, une famille en pleine expansion au théâtre, et dont l’impact sur le public se vérifie une fois encore.

Coma Unplugged nous montre donc un homme en plein crise de trentaine, mais ce qui est inhabituel, c’est que la scène se joue dans son crâne, alors qu’il est lui-même alité, dans le coma. Enfermé dans sa tête (mais a-t-il jamais vécu ailleurs?), Daniel va devoir choisir entre la vie et la mort en tentant de séparer ce qui compte vraiment des faux-semblants actuels : le culte de l’épanouissement, le masculinisme, l’exotisme de pacotille, la réussite professionnelle, le cynisme, le matérialisme, etc. D’autres thèmes explosent parfois, dégoupillés par une réplique cinglante : la paternité, le courage, l’empathie, le contrôle qu’on croit avoir sur nos vies. D’où ce cri du cœur : «une vie ne devrait pas pouvoir être ratée».

Épaulé par une distribution solide, Steve Laplante rend bien le fatalisme désabusé de sa génération. Marie-Hélène Thibault incarne brillamment la mère de sa fille, symbole vivant de son échec à construire une relation durable. Parmi des personnages secondaires dessinés à traits plus gros, un «chum de gars» envahissant, une mère poule, un «guerrier intérieur» et deux musiciens. Ceux-là assurent les ambiances sonores «live» – une tendance assez répandue – et interagissent parfois avec les personnages.

Cet étourdissant Coma est tellement truffé de références au Québec de 2007 qu’on se demande comment il vieillira. Bien que sans pitié, le texte est loin d’être sans humour! Après tout, le cabaret est l’endroit idéal pour parler de la mort en célébrant la vie, et il y a de vrais morceaux de génie dans la mise en scène éclatée de Denis Bernard, qui joue à fond les ruptures de tons. À un dispositif scénique inattendu s’ajoute une panoplie d’effets de lumières et de sons, de quoi brasser la petite salle de La Licorne. Et de quoi rester pluggé à son siège!

Pierre Lapointe, le bien-aimé

Article original publié dans Le Polyscope le 19 janvier 2007

branche

Que donne sur scène l’auteur-compositeur interprète le plus «hot» du moment? L’artiste multi-primé à l’ascension météorique est-il une bête de scène ou un chien de salon?

Eh bien, il y a un peu des deux dans cet animal-là. Pierre Lapointe ne manque pas de talents et celui d’auteur-compositeur est sans doute le plus évident. Mais le bougre sais aussi s’entourer : une maison de disques dynamique – Audiogram -, des arrangements convaincants (signés par le bassiste Philippe Brault), et un petit combo de musiciens allumés et polyvalents. Mais on va quand même voir le chanteur en se demandant à quoi va ressembler son énergie scénique, car rien ne va de soi chez un romantique introverti! OK, Lapointe est un gars timide, un grand ado un peu gêné qui fait «des chansons» plutôt qu’un show. Mais la patience paie : vers la fin du concert, l’homme se lâche lousse par moments et assume jusque dans ses soubresauts son statut d’étoile montante. Ouf.

Autre surprise : quand ce Pierrot quitte sa lune pour parler au public, c’est pour jouer la star nombriliste et capricieuse. Les spectateurs sont complices, ça marche. Le problème, c’est que ce personnage fictif fait obstacle à la complicité entre le chanteur et son band. Plutôt embêtant dans un contexte aussi intimiste. D’autant que les quatre musiciens, les mêmes que sur le dernier album, méritent plus que des miettes.

Oscillant entre la ballade poétique pour piano et cordes (comme Pointant le nord) et les tounes à grand déploiement électrique (telles le tonitruant Deux par deux rassemblés), Pierre Lapointe s’appuie sur son sens mélodique pour égrener avec nonchalance plus d’une vingtaine de titres. À ce rythme, presque tout son stock y passe et il nous sert une reprise bien sentie dont je ne parlerai pas.

L’expérience de cette tournée prouve au moins qu’il est possible de rassembler dans la même salle une forêt de bien-aimés (‘scusez!), tant dans la génération de Lapointe que dans celle des baby-boomers. La volonté de livrer des chansons pour la postérité est manifeste, elle se présente aussi dans la simplicité de la scénographie et la subtilité des éclairages, tout ceci se veut finalement un peu «hors du temps». Personnellement, j’aurais bien échangé les programmations, aussi inventives soient-elles, contre un batteur ou un percussionniste, mais peut-être se serait-il retrouvé désœuvré pendant la partie « calme » du répertoire?

La prestation de Pierre Lapointe est d’un calibre assez haut pour qu’on ne puisse pas l’accuser de voler sa place dans la relève pop. Suivons-le de près, en lui souhaitant de s’éloigner un peu plus des versions endisquées pour accorder à la scène tout son pouvoir de surprise…

Les pires noms de domaines

J’ai publié l’article original sur GOREF le 19 janvier 2007. Ce blogue ayant été récemment débranché, j’ai obtenu l’autorisation de remettre l’article en ligne ici même – en mettant à jour ce qui ne l’était plus.

 

pansement

Choisir un nom de domaine est une chose délicate. Habituellement, on utilise simplement le nom de la compagnie, mais que se passe-t-il s’il n’est pas disponible? Ou s’il est trop long? Ou susceptible d’être mal orthographié?

Prenez le temps d’y penser, et dites-vous que ce pourrait être encore pire : votre nom, une fois aggloméré en unseulmot, pourrait avoir le mauvais goût de changer de signification!

C’est ce qui est arrivé aux 10 sites américains répertoriés sur cette page. Les jeux de mots (involontaires) sont en anglais, voici notre traduction :

  1. Le site Who Represents permet de trouver les agents des célébrités. Leur nom de domaine… attention : www.whorepresents.com
  1. Experts Exchange est un site qui permet aux programmeurs d’échanger conseils et points de vue : www.expertsexchange.com
  1. Vous cherchez un stylo? N’allez pas plus loin, Pen Island est là pour vous : www.penisland.net
  1. Besoin d’un thérapeute? Essayez Therapist Finder au www.therapistfinder.com
  1. Connaissez-vous les génératrices italiennes? Bienvenue chez Italian Power Generator : www.powergenitalia.com
  1. Amateurs d’horticulture, visitez le site de Mole Station Native Nursery : www.molestationnursery.com
  1. Si vous cherchez un logiciel, il y a toujours ipAnywhere : www.ipanywhere.com
  1. Bienvenue à la First Cumming Methodist Church, Première Église Méthodiste de Cumming (Georgie). Nom de domaine : www.cummingfirst.com
  1. Et bien sûr, il y a les excentriques artistes de Speed of Art et leur site Web : www.speedofart.com
  1. Que diriez-vous de vacances au lac Tahoe? Visitez le site au www.gotahoe.com

Ne riez pas, ça aurait pu vous arriver!

Voici d’autres noms de domaines ambigus, toujours en anglais :

– Passez vos vacances en Espagne avec Choose Spain : www.choosespain.com

– Une agence de graphisme anglaise, Hiscock Ransom : www.hiscockransom.co.uk

A Child’s Haven, une garderie du Missouri : www.achildshaven.com

– Une activité créative, Pots Of Art : www.potsofart.com

– Vos chaussures sexy sont chez Sexy Shoes Warehouse : www.sexyshoewarehouse.com

– Visitez les entrepôts Cumbria (Royaume-Uni) : www.cumstore.co.uk

– La version en ligne du magasin Dickson : www.dicksonweb.com

F.A. Gray Inc., peintres en bâtiment : www.fagray.com

– Chez Big Al’s, nous ne sommes pas sexistes : www.bigalsonline.com

– Amis texans, retrouvez-vous entre amis sur Texas Exes : www.texasexes.org

– Restons au Texas, avec les « extraits Adams » : www.adamsextract.com

Auctions Hit, un site d’enchères malheureusement fermé : www.auctionshit.com

– Le stylo est-il une arme puissante? Pen Is Mightier : www.penismightier.com

– Puisque nous parlons de SEO, que pensez-vous de www.keywordsextractor.com

– Je vous présente Benjamin Dover, spécialiste des nouvelles technologies : www.bendover.com

– Je vous recommande les tutoriels de Via Grafix : www.viagrafix.com

– Téléchargez votre musique sur MP3s Hits : www.mp3shits.com

– Le site de la World World Taekwondo Federation : www.wtf.org

Et voila une belle brochette d’exemples du même genre que ExpertSexChange.com (une liste d’URLs réservés et non exploités peut être lue sur cette page) :

– Un grand classique, abandonné par Microsoft : www.msexchange.org

– Dans le même genre, avec du plastique en plus : www.plasticsexchange.com

– … et la version « de luxe » : www.dollarsexchange.com

– La référence pour les professionnels de l’optique : www.opticsexpress.org

Notez que tous les noms de domaines enregistrés aux Îles Cook ont pour suffixe « .co.ck », à la grande joie des anglophones!

Le B.A. BA de la conception Web

Article original publié sur GOREF le 12 janvier 2007

crayon

Quand on parle de conception de site Web, quel que soit notre interlocuteur, on se retrouve parfois confronté à des visions plutôt rigides de ce que doit être « un » site web, comme si les mêmes principes technologiques, graphiques et fonctionnels devait les régir uniformément.

Bien sûr, l’histoire de la « grande toile » est assez longue pour que nous en tirions des meilleures pratiques. Bien sûr, on peut dresser une liste provisoire des choses à faire et des choses à fuir. Mais au-delà des principes assez généraux, il y a dans chaque site un caractère unique qu’il serait dangereux de négliger. On pourrait s’amuser à l’illustrer par la métaphore… ce que je ferai dans un prochain billet, promis !

[Suite]

[Partie 2]