Times are hard. Brands need to unite. Last update: 2020-07-28
L’automobile, piège de rêve et de chrome, est peut-être en train de vivre ses dernières décennies. La planète agonise, les mentalités évoluent lentement et la société change. Malgré l’impressionnante inertie de l’homo-bagnolus et de son maître l’industripétrolièrosaure, quelque chose est en train de se passer.
L’industrie automobile sort du déni pour réaliser qu’elle doit changer de paradigme. Pas pour notre survie, mais pour la sienne. Des véhicules sans pétrole, autonomes, partagés; un futur enfin durable et plausible.
Le mouvement s’incarne dans de toutes petites choses. Puisque les logos sont mon sujet d’étude de prédilection, je m’amuse à tenir le compte de ceux qui se «déchroment».
Depuis la fin des années 1980, le nec plus ultra en matière de logos automobiles, c’était le chrome, parce que le chrome fait partie de l’ADN de la bagnole. Au milieu des années 2000, un pic est atteint : les outils graphiques et les moyens de reproduction numériques jettent les limites techniques aux poubelles de l’histoire. On peut désormais tout faire et tout répliquer. Profitons-en pour mettre des reflets, des ombres et des transparences partout, chantent en chœur les créatifs. C’est normal et sain de connaître les tendances et de les épouser : elles font partie de l’histoire des arts visuels, elles donnent parfois des chefs-d’œuvre et illustrent des moments particuliers. Et puis elles passent.
Inutile de jeter le blâme sur le flat design, il passera, lui aussi. Et puis ce sera autre chose, pour d’autres raisons. The circle of life, dude.
La mode des logos chromés est passée depuis plusieurs années déjà, mais il faut comprendre qu’un rebranding est une opération lourde et coûteuse pour une industrie manufacturière, ce qui explique que le rafraîchissement de ces logos s’étale sur plus d’une décennie.
Les constructeurs automobiles les plus prudents se contentent donc d’appliquer la recette simple du flat design qui consiste à éliminer les effets de relief, de texture et de lumière afin d’atteindre la platitude désormais providentielle.
Les plus ambitieux en profitent pour faire évoluer l’aspect formel de leur logo. Après tout, un redesign n’est pas une chose fréquente, alors autant en profiter pour mettre graphiquement à jour la vision de l’entreprise.
Ce mouvement ne sera pas achevé tant qu’il restera des marques pour se partager l’humiliation de traîner encore un logo chromé en 2020 : Buick, Chevrolet, Daimler, Land Rover, Mazda, Smart et Subaru, pour ne citer que les plus visibles.
(Mise à jour – septembre 2022)
Laver son nom sans trop faire mousser le produit : un drôle d’exemple de gestion de crise.
En ces temps pandémiques, il ne fait pas bon s’appeler Corona. Les gens font des liens tellement vite, et tellement mal.
La bière Corona célèbrera cette année ses 95 ans. Pour des raisons évidentes, la fiesta risque d’être un peu amère. Si la tendance se maintient, on se reprendra pour le centenaire.
Première bière en volume au Mexique et quatrième dans le monde (bravo!), cette lager exotique se taille rarement une place dans les palmarès biérologiques. Les mauvaises langues – et les bonnes papilles – ne se gêneront pas pour dire que «si t’as besoin d’une tranche de lime pour y trouver du goût, t’es mieux de boire autre chose». Ce qui fait le succès de ce produit sous nos cieux nordiques, c’est plutôt l’effet «madeleine de Proust» : il nous rappelle les vacances, le Mexique, la Bamba, le soleil, la siesta, l’éloignement de notre patron.
CORONA SIGNIFIE «COURONNE» EN ESPAGNOL, AINSI QU’EN LATIN ET EN ITALIEN. […] CÔTÉ ÉTYMOLOGIE, ON NE PEUT PAS FAIRE PLUS SIMPLE.
CORONA signifie «couronne» en espagnol, ainsi qu’en latin et en italien. En russe, en polonais, en finnois, en hongrois et en allemand, c’est «korona», et en portugais «coroa». Côté étymologie, on ne peut pas faire plus simple.
Et c’est aussi du latin que le maudit coronavirus tient son nom : virus en forme de couronne. Voilà pour la coïncidence.
L’histoire humaine est pleine de symboles graphiques. Des peintures des cavernes aux logos modernes, en passant par les hiéroglyphes égyptiens, les blasons du Moyen-Âge et les maudits tags sur les murs des écoles, tout ou presque se barbouille ou se dessine. Une sorte de méta-écriture bien vivante qui transcende souvent les langues et tend vers l’universel.
Mais qu’est-ce qui transforme un gribouillage en symbole, au juste? Quel chemin doit prendre un graffiti pour être universellement reconnu?
Vous vous en doutez : il n’y a pas de recette, mais une longue suite de hasards.
Prenons quatre symboles parmi les plus connus. Et, puisque j’écris ces lignes un 14 février, commençons par l’amour…
Habitat 67 + Cybertruck + URSS + Twitch = monde de brutes
Il était une fois un style audacieux et radical, né dans l’architecture de l’après-guerre. Il privilégiait sans complexes les matériaux bruts, l’exhibition de l’infrastructure technique et la rupture avec le passé.
Ses premiers promoteurs furent les Britanniques Peter et Alison Smithson, mais ses deux plus grands noms sont des stars : Le Corbusier et Mies van der Rohe.
Ce style, c’est le BRUTALISME, et Montréal en est l’écrin. Pensez à Habitat 67, à la moitié des pavillons de l’Expo, et à ces grosses bâtisses anguleuses qui vous font de l’ombre.
Le mot «brutalisme» n’est ni une insulte ni du sarcasme. Curieusement, il ne vient pas de «brutal», comme dans «coup de pelle dans la face», mais de l’aspect «brut» des matériaux comme le béton et l’acier.
Le marketing nous prend pour des éco-cons et ça semble être une tendance durable.
Selon Wikipédia, «le greenwashing – aussi nommé écoblanchiment, verdissage, mascarade écologique, blanchiment vert et verdissement d’image – est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation dans le but de se donner une image de responsabilité écologique trompeuse».
Sans en être conscients, vous en voyez des centaines d’exemples chaque jour.
Car le greenwashing est sournois, par définition. Globalement, cette forme d’hypocrisie commerciale s’appuie sur «sept péchés capitaux» qui sont bien expliqués dans ce document de l’Université de Fribourg :
1. Le compromis caché
2. L’absence de preuve
3. L’imprécision
4. Le faux label
5. La non-pertinence
6. Le moindre mal
7. Le mensonge
Une étude menée en Amérique du Nord par TerraChoice en 2010 a mis en lumière le boom de l’écoblanchiment. La proportion des produits présentés comme étant écologiques et qui employaient des tactiques de greenwashing? QUATRE-VINGT-QUINZE POUR CENT!
Cette fois. je vais perdre le peu de mystère qui me restait. Urbania, par la plume bienveillante de Rose-Aimée Automne T Morin (oui, c’est une seule personne), vient de publier un portrait du couple apparemment atypique que je forme avec Mireille. Scoop : nous ne sommes pas «tendance».
«On a tenté de découvrir le secret de ce couple TRÈS uni.
Ils sont ensemble depuis 17 ans. Ils travaillent tous les deux à la maison, et ce, dans le même bureau. Ils pratiquent tous leurs loisirs ensemble, ainsi que leurs voyages. Elle lui coupe les cheveux, en plus d’être sa nutritionniste et sa coach de sport. Il s’occupe de la masser quand elle souffre de tensions musculaires. Même pas besoin de consulter des experts pour être bien! À deux, ils forment un couple autosuffisant. Pourtant, ils sont libres et sains. De quoi faire mentir les préjugés entretenus envers les couples inséparables.
Portait de Mireille Gravel et Olivier Bruel, deux professionnels de la communication qui, du haut de leur début cinquantaine, semblent vivre le parfait amour fusionnel.
« LE 15 FÉVRIER 2003, ON N’A PAS RÉUSSI À ARRÊTER LA GUERRE, MAIS BON… »
À défaut d’empêcher un conflit international, Olivier et Mireille ont trouvé l’amour lors d’une manifestation contre la guerre en Irak. Ce rassemblement était le théâtre de leur première date officielle, mais déjà, ils savaient qu’ils partageaient plusieurs intérêts (au-delà de la politique).
Sous ces logos se cache le vrai pouvoir : celui des bidous !
C’est bien beau de vivre de l’air du temps, mais il faut parfois regarder la réalité en face. Nous vivons dans un capitalisme de plus en plus sauvage où le seul pouvoir qui compte vraiment, c’est l’argent.
Jetons un coup d’œil aux logos des dix entreprises internationales les plus profitables de l’année écoulée, histoire de répondre à deux questions fondamentales : Qui nous mène? et Ces multinationales ont-elles judicieusement investi dans leur image de marque?
Divulgâcheur : les réponses ne vous aideront pas à vaincre votre dépression hivernale.
Cette décennie a déjà eu lieu, et la barre est haute.
Regardez votre calendrier : LES ANNÉES VINGT SONT LÀ, que ça vous plaise ou non. Et si l’expression «années vingt» sonne plutôt rétro que futuriste, c’est que la mémoire collective est encore chargée des traces de 1920.
Les Années folles – ou Roaring Twenties – n’ont pas volé leur titre. C’est la décennie de la prohibition, du triomphe de Charlie Chaplin, d’Albert Einstein et de Staline, de l’invention de l’hélicoptère, du code de la route et de La vache qui rit, de la découverte de l’insuline et de la pénicilline, de la naissance de Mickey Mouse, de Tintin, de l’URSS et de l’expression «design graphique». Respect.
C’est aussi une époque qui commence mieux qu’elle ne finit; mais ça, c’est une autre histoire.
Concentrons-nous sur la beauté. Et si les mots «Art déco» n’évoquent rien pour vous, ouvrez grand vos yeux et préparez-vous au coup de foudre!
Comme je suis un designer graphique, je vais mettre de côté l’architecture et la mode pour me concentrer sur le graphisme : il y a déjà de la matière! Ce qui me fascine, c’est que cet art volontairement moderne ne vieillit pas! Les créateurs de cette période ont inventé les codes d’une modernité absolue à base de géométrie, de pureté, d’équilibre et d’élégance.