Pourquoi les logos sont-ils tous pareils?

C’est officiel, je deviens chroniqueur design pour Urbania. J’y explore mes deux passions : les logos et les grimaces. Première chronique.

Nous vivons au milieu des logos, et la plupart d’entre eux ont un visage familier : le hibou de Couche-Tard, la caméra d’Instagram, le bonhomme Pillsbury, la pomme croquée d’Apple. Pourtant, depuis quelque temps, certains d’entre eux sont remplacés par des logos minimalistes. C’est-à-dire drabes.

Ce que j’appelle « logo minimaliste » pour les besoins de cette chronique, c’est un nom de marque (wordmark, en anglais) écrit dans une typographie souvent majuscule sans fantaisie, ni ornements, ni couleur. Ce n’est pas une illusion : il y en a de plus en plus. Pas de panique, les logos basiques existent depuis longtemps, pensez à Sony, Gillette, Jeep ou Le Devoir. Là où ça vient nous chercher, c’est quand on constate que des marques basées sur le style de vie et l’élégance abandonnent leur logo « illustré » au profit de… la même chose que tout le monde! Alors qu’on enseigne aux designers qu’une identité visuelle doit être unique et reconnaissable, n’y a-t-il pas ici un encombrant paradoxe?

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Mes 20 temps au Québec

Le 19 juillet 1999, j’atterrissais à Mirabel avec ma fille, sa mère, et les trois malles et quelques sacs qui constituaient tout ce que nous avions. L’objectif était aussi simple qu’hasardeux : s’inventer une nouvelle vie « au Canada ». Ces guillemets représentent le malentendu fondamental de l’expédition, car nous étions arrivés au Québec. Par chance.

Vingt ans plus tard, voici mes constats.

1. Les gens sont pareils mais différents.Quand tu viens d’ailleurs, non seulement les gens sont différents, mais tu es toi-même différent. Et puis tu réalises que « pas tant que ça », et que les différences individuelles sont souvent plus grandes que les différences collectives. Mettons que les Québécois sont globalement moins chiants que les Français, mais certains le sont autant, et les Français ne sont pas tous chiants.

2. La culture est surreprésentée. Avec 8,4 millions d’habitants – soit 8 fois moins que la France – et une scène artistique qui fait au moins le quart de son équivalent français, le Québec est une pépinière culturelle qui exporte des chanteurs, des humoristes, des clowns, des dramaturges, des metteurs en scène, des comédiens, des cinéastes et des auteurs.

3. Les paradoxes n’ont pas de frontières. Le Québec est ambitieux mais timide, vaste mais tricoté serré, écologique mais énergivore, froid mais tempéré, francophone mais bilingue, traditionnel mais technologique, distant mais chaleureux.

4. Avoir un projet politique, c’est motivant. Pour l’électeur désillusionné que j’étais, débarquer dans un pays à faire est une expérience enthousiasmante. L’option souverainiste/indépendantiste/séparatiste m’est d’abord apparue comme une absurdité (qui sont ces gens qui se plaignent de cette belle société bilingue, multiculturelle et durable?), avant que je ne me penche sur cette lutte, que je vive la domination muette du ROC, que j’assiste à l’érosion de la langue et de la culture québécoise, érosion qui ne cessera que lorsque l’assimilation sera complète ou qu’un nouveau pays aura fleuri.

5. J’ai des portes françaises. Vue de loin, la France est une contrée exotique qui produit des portes françaises, de la vanille française, des drains français, des tresses françaises. Le rêve.

6. Je suis féministe. Il m’aura fallu vivre sur cette terre progressiste pour comprendre l’urgence de soigner nos minorités, à commencer par la moins minoritaire : nos mères, nos filles, nos sœurs, nos égales. J’ai récemment discuté avec une amie française sensible et intelligente qui refusait pourtant de se définir comme féministe tellement ce mot a été sali par les précédentes générations. Breaking news : si vous êtes pour l’égalité, vous êtes féministe. Point.

7. Vive la bouffe.C’est le slogan d’une grande chaîne d’épicerie, un slogan qui manque vraiment de classe, mais qui exprime quelque chose : le Québec n’est pas un pays de gastronomie, mais de bouffe. Ça ressemble à une mauvaise nouvelle, mais ça simplifie la vie et ça ouvre les papilles. Quand on n’a pas à se conformer au poids d’une tradition culinaire, il est beaucoup plus facile d’accepter celles des autres pays et d’inventer la sienne.

8. Une gueule, ça se ferme aussi. Dans un pays de grandes gueules, une grande gueule est un atout. Ailleurs, il faut développer d’autres compétences et approfondir des concepts sociaux tels que subtilité, écoute et fermage de gueule. Honnêtement, ça fait du bien.

9. Je suis parti l’esprit en paix. Juste avant d’émigrer, je me suis offert un luxe que je souhaite à tout le monde : j’ai remercié mes parents et je leur ai dit que je les aimais. Nous ne sommes pas une famille de câlineux et nous n’avons pas le je t’aime facile, mais celui-là a dénoué bien des choses. Je suis aujourd’hui orphelin, et ce souvenir me procure une certaine sérénité.

10. Émigrer ouvre l’esprit. En tant que rejeton d’une famille sédentaire, je souhaite l’émigration à tous ceux qui sont tentés par l’idée (ce n’est pas tout le monde). Être l’étranger quand on a toujours vécu chez soi est une expérience enrichissante. Ça permet au passage de prendre un peu de recul sur ce qui constitue nos habitudes et nos valeurs, et de décider ce qu’on garde et ce qu’on jette.

11. J’ai deux maisons. Après mon installation à Montréal, ça m’a pris quatre ans pour revenir en France. Je me demandais si j’allais me sentir étranger dans ma ville natale. À la seconde où j’ai posé le pied sur le trottoir parisien, j’ai compris que je n’avais pas perdu un pays, mais que j’en avais plutôt gagné un deuxième. Ma maison, c’est là-bas et ici. L’envers de la médaille est que chaque drame qui frappe Paris (Charlie, le Bataclan, Notre-Dame) fait douloureusement renaître le Parisien en moi.

12. Je suis libre d’être pluriel. Est-ce le contexte, l’âge ou ma personnalité? La possibilité de s’épanouir dans plusieurs domaines me semble plus tangible que jamais. En plus d’élargir ma palette professionnelle – ce qui semble normal –, j’ai expérimenté ici le chant jazz, l’animation de cabarets littéraires, la guitare funk, les conférences, l’éducation canine, le bilinguisme, le deltaplane, les congas, les randonnées, la traduction.

13. Un emploi, ça se fabrique. J’ai mis trop longtemps à me lancer à mon compte. Pourtant, pour être entrepreneur au Québec, il suffit de le vouloir. Tu fais des mandats, tu envoies tes factures, c’est à peu près tout. Ça rend tout possible, mais pas sans efforts.

14. L’accent est une couleur. Et on ne s’arrête pas éternellement à une couleur. Une fois qu’on l’a comprise, on passe de la forme au fond. Même chose pour les expressions et les mots-qui-ne-veulent-pas-dire-la-même-chose. Les Québécois comprennent très bien les Français parce qu’ils ont été exposés à leurs films, à leurs chanteurs, à leur général de Gaulle. Peut-être qu’un jour, les Français passeront au-dessus du « putain d’accent canadien tabernacle » et deviendront enfin aptes au dialogue?

15. J’ai un prénom jeune. En France, Olivier est un prénom assez courant pour ma génération, et Manon est un prénom assez courant pour la génération de ma fille. Au Québec, les Olivier ont l’âge de ma fille et les Manon ont mon âge. Paradoxe spatio-temporel.

16. Mon pays, c’est l’hiver, sauf en été. « Vous avez pas peur de l’hiver? » est la question qu’on m’a le plus souvent posée avant mon départ. Ce qui nous a pris de court dès le premier jour, c’est plutôt la chaleur des étés. Selon mon expérience, il fait plus chaud, avec plus de constance, à Montréal qu’à Paris. Bien franchement, je préfère cette météo contrastée où les hivers sont hivernaux et les étés estivaux.

17. L’espace est un luxe relatif. J’ai grandi dans un appartement parisien de 90 m2, que j’ai toujours considéré comme grand, où nous vivions à cinq. J’ai ensuite choisi un pays où les paysages sont plus vastes et où l’espace est moins cher, même en ville. Depuis quatre ans, je vis à la campagne, dans une grande maison, avec ma blonde et ma chienne. Même si cette maison est aussi notre lieu de travail et la résidence secondaire que nous n’aurons jamais, je me trouve incroyablement privilégié par cette aisance.

18. Le racisme trouve toujours son chemin. Un des gros problèmes de la France que j’ai quittée, c’est la peste brune, cette xénophobie atavique sous-jacente, et sa pathétique incarnation politique. Baser une politique sur des réflexes honteux comme la peur de l’autre devrait être illégal, en plus d’être immoral. Malheureusement, cette gangrène a fait son chemin jusqu’au Québec, d’abord marginale (hello Hérouxville!), puis institutionnelle. Nous sommes encore loin des positions inhumaines de nos voisins du Sud, mais il faut réagir.

19. Je ne suis plus maudit. Devinette classique : à quoi reconnaît-on un maudit Français? C’est celui qui reste au Québec. Ce n’est pas qu’une blague. Comme tout nouvel arrivant de l’Hexagone, je me suis fait traiter de maudit Français. Et dès que j’ai fait un effort d’adaptation, dès que j’ai adopté une langue plus universelle, je suis redevenu moi-même et j’ai cessé d’être un exotisme. Après 20 ans, mon accent est toujours facile à détecter, mais ça fait longtemps qu’on ne m’a pas réduit à ma première nationalité.

20. Je ne repartirai pas. Mon avenir est au Québec, comme mon présent et une partie de mon passé. Je n’ai aucune raison, aucun plan, ni aucune envie de retourner vivre en France, même si ma famille et mes vieux amis me manquent. Depuis longtemps, je ne renouvelle plus mon passeport européen. Le Québec n’est pas un eldorado, mais c’est mon pays, puisque j’y ai trouvé un avenir.

Heille se

Voici [le texte de] la chanson que j’ai composée et interprétée au Cabaret des auteurs du dimanche dont le thème était simplement «se».

Se rendre au cours de spinning en SUV.
Se reconnaître dans une téléréalité.
Se fâcher contre la météo.
Se fâcher contre la fille de la météo.
Se faire des self-bisous sur les selfies.
Se compter chanceux de vivre en démocratie.
Se déplacer en Corolla SE (la pognez-vous? S.E.?)
Se demander si on pognerait plus en pick-up.

Se sentir souvent offensé.
Se payer le dernier Nicola Cicone.
Se considérer comme une partie d’la solution.
Se dire que Martineau, il a raison.

Se pavaner avec le logo d’une multinationale…
… qui t’a fourré sur le prix de vente du t-shirt et qui te refourre à chaque fois que tu le portes, c’est normal!
Se chercher une minorité à laquelle s’accrocher.
Se dire que le premier ministre sait ce qu’il fait.
Se déclarer perplexe sur les changements climatiques.
Se partir une réserve de sacs plastiques.
Se jurer de ne jamais toucher une femme poilue.
Se prétendre nationaliste pour haïr les étranges avec vertu.

Se plaindre des assistés sociaux qui se plaignent pour rien.
Se croire bon parent et frapper son chien.
Se faire pousser une moustache ironique.
Se faire pousser des aisselles iconiques.

Se dire LOL, se dire OMG, se dire YOLO.
Se persuader qu’un tatoo tribal sul’ bras, c’est beau.
Se fier aux nouvelles pour savoir ce qui se passe.
Se mélanger entre inconfort et menace.
Se dire qu’on ne peut plus rien dire.
Se choisir un gouvernement moins pire.
Se mettre trop souvent le cerveau sur pause.
Se rincer le driveway à la hose.

Se curer le nez bien profond au feu rouge.
Se faire aller le klaxon jusqu’à ce que ça bouge.
Se partir une pétition en majuscules.
Se persuader qu’on avance alors qu’on recule.

Se fâcher noir sur le linge des autres.
Se choquer quand quelqu’un critique le nôtre.
Se souvenir que le pétrole… ben on en a besoin!
Se sentir soudainement très albertain.
Se travailler fort le pétage de bretelles.
Se répandre de l’asphalte sur sa gravelle.
Se mettre en file pour le nouveau iPhone.
Se jouer en boucle le dernier Nicola Cicône.

Se prendre pour un autre ou même pour plusieurs.
Se garder le beurre et l’argent du beurre.
Se mettre à hurler avec la meute.
Se sentir tellement brave avec des pleutres.

Se stationner à l’ombre, sur une piste cyclable.
Se contrefoutre des matière recyclables.
Se dire que boys will be boys.
Se mobiliser juste pour le Canadien pis la boxe.
Se demander si cette toune serait pas meilleure
Avec un batteur, batteur, batteur, batteur, batteur, batteur, YEAH!

[tous ensemble, sur l’air de la finale de Hey Jude]
Se se se se se se se… se se se se… un jour.
Se se se se se se se… se se se se… un jour.

Se se se se se se se… se se se se… un jour.
Se se se se se se se… se se se se… un jour.

Devenir Michael



Voici le texte que j’ai lu au Cabaret des auteurs du dimanche sur le thème frisé.

Mon problème est simple : je sais ce que je veux mais je sais pas comment l’avoir. Ce que je veux, c’est être Michael Jackson, mais pour mal faire je suis blanc.

Mais si tu penses à mon bébé
Ça n’fait rien si t’es noir ou blanc, hi hi
C’est noir, c’est blanc
C’est difficile pour eux de s’entendre
C’est noir, c’est blanc, whohoo

Tout comme MJ, j’ai affronté les préjugés et les moqueries. Ma vie n’a pas été facile, oh non. Moi aussi, j’ai été battu dans mon enfance. Au Monoply. Ça marque pour la vie, je souhaite ça à personne. Aussi, j’en ai longtemps voulu à mon père de pas m’avoir obligé à apprendre la musique à grands coups de ceinturon, mais bon, on ne peut pas tout avoir, hein? Et je bénis le ciel de m’avoir donné le don de la danse. Je danse comme un dieu, « presque » comme Michael.

J’hésite. Selon le millésime de Michael que je veux être, je devrais me faire un blackface – pis ça, c’est pas correct – ou un clown blanc. Un mime chantant…

Côté cheveux, c’est pas plus facile. Je suis brun et j’ai les cheveux longs et raides : est-ce que je devrais les faire crêper ET défriser ensuite? Comment faire pour que mon cheveu naturel ait l’air pas naturel? Juste ça, là, c’est un gros dossier. Imagine : t’es un cheveu. T’es programmé pour être frisé, crépu, même. Ta force, c’est la torsion, comme un ressort. En gang, votre spécialité, c’est l’afro. Vous faites ça naturellement. Pis là, un jour, on t’ébouillante, on t’étire à chaud, on t’asphyxie de trucs chimiques, on te tire, on te détord, on t’allonge : t’es rendu tout droit pis tu sais plus comment te tenir. C’est comme pas dans tes compétences. Alors tu pendouilles en grosses mèches, avec les amis, comme des cachalots échoués. Bref. J’ai pensé à me raser la tête et à mettre une perruque en nylon lustré du Dollarama.

Sinon, c’est vraiment pas facile d’élever un serpent et un singe dans un sous-sol! Le boa m’a déjà bouffé trois chimpanzés! Oui, j’habite dans un sous-sol de Rosemère, suuuuper bien décoré. C’est mon refuge à moi : je l’appelle ma Nevercave.

Hé, les gens sont étonnants! Ils me demandent «Pourquoi tu veux ressembler à ce chanteur malsain?» HEILLE, il est pas malsain, il est super propre! Blanc comme neige. Je veux lui ressembler pour devenir immortel, OK? Michael est-il un super-héros ou un être divin? Est-il mort pour toujours ou juste un peu, comme Jésus ou Elvis? Jackson seul le sait. En tout cas, c’est pas juste le Roi de la Pop, c’est le messie descendu sur Terre pour sauver l’humanité… un garçonnet prépubère à la fois! Il n’est pas comme nous autres, oh non! Ni enfant ni adulte. Ni noir ni blanc. Ni homme ni femme. Ni Terrien ni extraterrestre. Ni funk ni pop. Ni vivant ni mort.

Honnêtement, je sens beaucoup de jalousie autour de moi. Les autres jeunes se cherchent alors que moi, je sais exactement QUI je veux être. Et je me vois pas comme un sosie ou un imitateur. Plutôt un genre de réincarnation, comme Bouddha. Tu sais, quand il y en a un qui meurt, un autre repousse ailleurs? Ben c’est ça : je suis une repousse de Michael, pis le destin m’a fait naître dans un blanc pas super bon en chant. Je vois ça comme un signe… un signe de quelque chose que je comprends pas et donc qui doit être plus grand que moi.

Ces temps-ci, j’ai une job à temps plein : j’écris aux maudites radios anti-Michael pour leur dire que je les écoute pu. Ça m’occupe beaucoup, je suis obligé de prendre ce temps-là sur celui que je passais à haïr Prince!

Je peux devenir lui parce que la place est libre. Michael Jackson nous a quitté depuis déjà 10 ans, laissant un trou béant dans la galaxie des stars, même si certains considèrent que « Michael Jackson » et « trou béant » devraient jamais être mis dans la même phrase.

D’ailleurs, mon regard sur les adolescents a changé…

Bye bye. Je vous bénis avec le gant magique, et je vous laisse sur ces paroles qui pardonnent et apaisent :

Parce que j’suis mauvais, j’suis mauvais, allez
Tu sais j’suis mauvais, j’suis mauvais, tu l’sais
Tu sais j’suis mauvais, j’suis mauvais, tu l’sais
Et le monde entier doit répondre maintenant
Juste pour te redire : c’est qui qu’est mauvais?

Chanson d’hiver

En vous racontant cette anecdote, je suis conscient de m’aventurer sur un terrain glissant.

Ce matin du 6 février 2019, je sors de chez moi avec pour modeste objectif de rentrer ma poubelle, qui vient juste d’être vidée, puis délicatement garrochée sur le flanc par le bras automatique du camion. Le fameux Bras Canadien™. J’habite à la campagne, et mon entrée de garage (draille-vouais) est légèrement pentue. Légèrement, je le précise.

Hier, il faisait +5°C, et cette nuit, -15°C. Ça veut dire glace dure en matinée. Mère Nature a passé la Zamboni. Voilà pour le contexte.

J’enfile mon manteau et mes bottes SANS mes crampons, je vais pas me battre avec ça juste pour 30 secondes dehors. Je sors par le garage et je me laisse glisser jusqu’à la rue. Sérieux, je n’ai pas fait un seul pas. Jusque-là, tout est sous contrôle, élégance et sports de glisse. Je redresse mon bac poubelle – modèle municipal à roulettes, finition semi-lustrée –, et j’essaie de remonter l’allée. NO SKATING WAY. Mais je connais le truc : il suffit d’aller sur le bord, là où les pneus du tracteur de déneigement ont laissé des grosses empreintes : ça fait comme des marches! Mon truc marchait super bien l’an dernier, mais là, non. Les marches sont encore plus casse-gueule que l’allée elle-même.

Je ramasse mon orgueil, je sors mon cellulaire et j’appelle ma blonde, qui est dans la maison.

– Je suis bloqué, tu peux m’envoyer mes crampons?
– Ha ha! OK.

Elle me les lance, mais pas assez loin. Il faudrait que je remonte de 2 mètres dans l’allée, mais c’est impossible SANS CRAMPONS. On est peu de choses.

– Envoie-moi le balai!
– Ha ha! OK. (Elle a le sens de l’humour.)

Elle m’envoie ledit balai assez loin pour que je l’attrape. Bon. Mais le balai n’est pas assez long pour atteindre les maudits crampons qui se prélassent sur la glace pour me faire chier. Dans un élan de charité, ma blonde me propose de chausser SES crampons pour venir me secourir. Avant d’assumer mon statut de réfugié climatique, je tente un dernier coup. Quitte ou double fracture. Balai en main, je prends mon élan dans la rue (qui est déglacée avec des petites roches), et je patine jusqu’aux crampons en contrôlant ma glisse dans une prestation qui m’aurait valu un 10 aux Jeux d’hiver. Sous l’impulsion nerveuse du balai, les crampons glissent jusqu’à moi. Je suis sauvé.

Mettre les crampons, remonter la poubelle et le balai. Épandre du déglaçant dans l’allée. Bon hiver à tous, et bon patinage.

Les 18 meilleurs et pires logos de 2018

C’est une tradition du Temps des Fêtes™, je publie chaque année sur Infopresse mon palmarès (subjectif) des meilleurs et des pires coups en matière de logos.

Quel est l’élément commun entre la Fondation Sainte-Justine, Dunkin’ Donuts, The Guardian, Best Buy, Aldo, Century 21 et Desjardins? Ils ont changé leur image en 2018… mais aucun n’est dans cette liste des meilleurs et des pires logos. Jetons un coup d’œil rétrospectif à cette année bien remplie.

Suite de l’article sur Infopresse