Cuisiner les cochons

À la demande insistante de ma Mireille préférée, je publie le douze-pieds-par-douze-pieds que j’ai écrit dans le confort de mon foyer, pour voir si j’étais encore capable de relever ce défi en alexandrins au Cabaret des auteurs du dimanche. Les mots en gras m’ont été imposés par Mireille.

* * *

Chers amis, nous voici rassemblés dans cette boîte,
Tous les sens en alerte et les oreilles moites,
Informés par la presse d’un automne croustillant
Où des violeurs célèbres se font prendre par le gland.

Un roitelet pompette, tout en haut de l’affiche,
Qui exhibait son zguègue et pelotait des miches,
Doit rendre son micro et rabattre calotte
En attendant le jour où il paiera sa note.

Cet autre roi du rire, juste pour le calembour,
Dont les sens s’expriment, sauf le sens de l’humour,
Devra finir au max, bardé de contentions,
En braillant C’EST FINIIII! dans le fond d’une prison.

La culture du pouvoir est-elle un alambic
Qui distille la morale des personnages publics
Et les pousse à agir en pervers forcenés,
Laissant dans leur sillage des vies traumatisées?

Ou bien est-ce au contraire la première qualité
D’un aspirant dragon que d’être assez fucké
Pour prendre sa queue comme une tapette à moustiques
En soumettant les faibles à son pouvoir lubrique?

La gloire est une drôle de péripatéticienne,
Qui viole des volontés pour assouvir la sienne.
Il est grand temps que sonne l’heure de la punition
Et qu’une vraie justice cuisine ces cochons.

* * *

D’autres 12 pi x 12 pi peuvent être consultés ici et .

Tabarmaniac!

Voici le «12 pieds par 12 pieds» que j’ai écrit et lu au Cabaret des auteurs du dimanche dont le thème était MANIAQUE.

Il s’agit d’un exercice de création poétique en temps limité qui consiste à écrire 12 paires d’alexandrins en 40 minutes environ, à partir de mots proposés par le public. Et de les lire sur scène. Je l’ai intitulé TABARMANIAC! et j’ai mis en gras les mots* que le public m’a lancés.

* * *

Je te salue, public, et même toi, reptilien,
Vous êtes venus nombreux, vous êtes venus de loin,
Vous avez fait fonctionner vos ischio-jambiers
Afin de boire un bock, et même de m’écouter.

Ce que j’ai à vous dire ouvrira une brèche,
Une explosion mentale de magnitude Daesch,
Je ne veux rien de moins que dénoncer des monstres,
J’irai jusqu’à inventer une rime en onstre.

Pas de porc à balancer, aucun appel au meurtre,
Pas de récit sordide ni de photo qui heurte,
En rajouter une couche, c’est bon pour les lasagnes,
J’espère que les lubriques finiront tous au bagne.

Ni hétéro ni gai ni intersectionnel,
Nul être vivant n’est aujourd’hui comme tel
Protégé des assaillants intercorporels,
Des empereurs factices qui défilent aux nouvelles.

Ta libido se gère comme excès de sébum :
Évacue ce qui coule, ne fais pas comme ces bums
Qui se déguisent en clown ou bien en Louis XIV
Pour violer des pucelles behind closed doors.

J’aurais voulu décrire avec parcimonie
Les sévices que méritent ces pathétiques génies,
Mais puisqu’au Cabaret, on parle de maniaques,
On va enfin savoir où se perdent les claques!

* * *
* Trois d’entre eux (monstre, meurtre et quatorze) n’ont pas de rimes en français. Sois maudit, Mathieu Balay.

C’est quoi comme chien? Chapitre 1

Il y a 5 ans, nous adoptions une chienne, trouvée littéralement dans la rue, devant chez nous. Cette chienne venait sans historique, sans nom, sans âge, sans famille et sans race. Une belle énigme canine.

Vu ma nature visuelle – et mon amour des chiens –, je me suis toujours demandé ce qu’il y avait dans cette bête-là. Quand on nous pose la question c’est quoi comme chien?, on répond généralement qu’elle est un mélange inconnu, un magic mix, qu’elle ressemble à une version allégée d’un amstaff (American Staffordshire Terrier). Sencha pèse 37 lbs (17 kg), soit quasiment la moitié du poids d’un vrai amstaff.

Voici Sencha.

Et voilà un American Staffordshire Terrier.

Mais elle court comme un amstaff, l’échine à ras du sol. Et elle couine d’excitation comme Pickle, l’irrésistible amstaff de nos voisins.

Sa fiche d’adoption de la SPCA dit «Shar Pei croisé». Hum. Selon les angles et l’humeur du moment, on peut voir en elle du labrador, du jack russell, du boxer, du ridgeback, du whippet, du chihuahua ou du danois.

(Les deux derniers viennent d’une blague selon laquelle en croisant un chihuahua très motivé avec une danoise – et surtout pas l’inverse! – on obtiendrait Sencha.)

Nous avions entendu dire que les tests d’ADN ne fonctionnaient pas. Et puis récemment, nous avons entendu le contraire, alors nos avons cédé à la curiosité et envoyé des échantillons de salive de Sencha à DNA my dog. Nous n’avons joint aucune photo pour ne pas influencer le diagnostic.

Les résultats sont tellement surprenants que je ne les crois pas :

Chow chow, sérieusement? Le lévrier/whippet et le boxer étaient dans nos hypothèses. Le bouvier australien, je ne connaissais même pas, et la ressemblance physique n’est pas frappante. Il paraît que seul 1% du bagage génétique détermine l’apparence du chien, mais tout ça donne un drôle de portrait, ni ressemblant, ni vraiment cohérent. Pour une réponse à nos questions, c’est un peu décevant, même si nos attentes étaient basses.

Sencha restera donc un mystère biologique, une race-à-elle-toute-seule, un joyeux festin dont nous profitons chaque jour mais dont nous ignorons la recette.

Mise à jour : nous avons fait une deuxième test d’ADN!

_

Les photos de Sencha sont de Mireille Gravel. Les autres photos sont de Google Image, un photographe très polyvalent.

Une «loi Photoshop»?

Depuis le 1er octobre, un décret oblige les annonceurs français à ajouter la mention «photographie retouchée» sur toute publicité présentant un humain numériquement modifié.

C’est de notoriété publique, les visages et les corps présentés par la publicité et certains médias comme autant d’idéaux de beauté sont en fait des «Frankenstein numériques», des extrapolations graphiques parfois extrêmes, à partir de photos de personnes réelles. La distance entre l’image et la réalité n’a jamais été si grande, mais elle reste difficile à saisir.

Pour mesurer la magie qu’un logiciel comme Photoshop peut réaliser sur l’apparence d’une personne, il suffit de se référer à la désormais classique campagne Évolution de Dove (2006). Le personnage y passait de femme à icône irréaliste en quelques secondes (ou quelques heures, dans la vraie vie).

Suite de l’article sur Infopresse

Trois petites lettres

C’est officiel, je suis désormais DGA.

– Hein? Dégéa?
– Diplômé en guitare acoustique?
– Drôle de gonzo apatride?
– Délégué au gratouilles animalières?
– Dégriffeur de girafes amorphes?

– Déconneur de grande amplitude?

Oui, tout ceci et un peu plus : je viens d’être admis dans le club très sélect des designers graphiques agréés de la Société des designers graphiques du Québec.

Pour un graphiste indépendant comme moi, c’est un ancrage professionnel et une réponse simple à la question «c’est qui, lui?». L’admission se juge sur dossier et se reçoit avec fierté, comme une sorte de certificat de compétence. Après 27 ans de carrière, il était temps.

À moi de me montrer digne de ces trois petites lettres et de ne pas faire honte à mes 66 collègues. Et la barre est haute, car le talent graphique ruisselle du Québec comme eau d’érable en mars, si je puis me permettre cette métaphore rustico-gastronomique.

Je promets de rester simple. D’esprit, surtout.

Bon cop?

Le 13 juillet, la SQ a dévoilé la nouvelle livrée de ses auto-patrouilles. Les Dodge Charger seront désormais noires avec les portières blanches «à l’américaine» et de gros logos POLICE seront affichés sur tous les côtés.

Mentionnons aussi une cloison de protection pour isoler les prévenus, des gyrophares de haute technologie un déferlement de lumières clignotantes et d’énormes pare-buffles à l’avant. Les véhicules seront aussi dotés d’armes longues «pour faire face à des individus barricadés», a précisé le capitaine Guy Lapointe aux journalistes de Radio-Canada.

Rappelons que l’image constitue un enjeu important pour les corps policiers, pas seulement quand les pantalons de camouflage détournent la mission de l’uniforme. À la vue de ces impressionnantes muscle cars, on peut s’interroger sur le rôle social et politique de la police. Depuis toujours, ce rôle est double: protéger les gentils et punir les méchants. Bon cop, bad cop.

Suite de l’article sur Infopresse

Ce que les vieux logos nous apprennent

 

Ma petite obsession pathologicoprofessionnelle pour les logos me pousse à parcourir des sites comme Logobook ou des livres comme Logo Modernism, qui sont essentiellement des compilations de logos de l’ère classique (1955 – 1985), neutralisés – c’est-à-dire présentés en noir sur fond blanc –, et classés par styles.

Je viens de finir d’éplucher cette énorme brique qu’est Logo Modernism, et, outre un net gain de musculature sur mes bras, voici brièvement ce que j’en retire, illustrations à l’appui. Divulgâcheur : vous n’apprendrez rien d’utile.

  1. Le logo d’Asakura, c’est le logo d’Autobianchi qui aurait eu un petit.

 

2. Quand on retire la couleur, certains logos sont identiques. Think big, think black.

Et d’autres, presque.

 

3. Même en Norvège et dans les années soixante, la construction, c’est viril.

 

4. On a vraiment beaucoup cheminé en 50 ans.

 

5. Le logo de Howard Miller ressemble à celui d’Under Armour avant l’accouplement.

 

6. L’église luthérienne glorifie la colombe qui pète.

 

7. L’ancien logo du PQ a un ancêtre nommé Contrôle Qualtiss (on dirait un sacre)!

 

8. Le picto de Radio-Canada est issu d’un continuum qui va de Dayton Hudson à Roosevelt University.

 

9. Le picto de Flash a au moins deux ancêtres répertoriés.

 

10. En 1964, Paris Hilton n’était même pas née, mais elle avait déjà un logo. Elle a vite compris qu’on pouvait être célèbre en ne foutant rien.

 

11. Quoi ne pas faire à un «enfant retardé».

 

12. Robert, arrête de copier sur Paul! Surtout que vous êtes deux éditeurs…

 

13. Le picto de BMO ressemble en Modine (désolé).

 

14. Qui a copié l’autre, hein?

 

15. Le graphiste du Théâtre de Liège a accusé Tokyo 2020 de plagiat. Mais avait-il vu le logo de Time Life Records?

 

16. Wonder Woman à la rescousse!

Correspondance

Le 18 juin 2017, au Cabaret des auteurs du dimanche, j’ai commis cette correspondance avec la flamboyante Marie-Ève Saucier.

* * *

De : kulaku419@hotmail.com
À : sexybestchick92@gmail.com

Bonjour très respectée sexybestchick92.

Je me nomme Idriss-Étienne KULAKU, je suis âgé de 29 ans et je vis en République Semidémocratique du Burkinda. Je suis l’unique fils du défunt Jean-Gourdin KULAKU, ancien président de notre pays bien aimé, élu démocratiquement à vie par 98% de nos concitoyens vivants et morts. Je vous écris dans le but d’obtenir votre coopération et votre confiance en vue d’effectuer une affaire urgente et lucrative avec votre personne morale. C’est une proposition sincère et noble que je vous fais. Malheureusement, comme vous le savez, mon pays traverse depuis 43 ans un épisode de guerre civile, ce qui m’a contraint à fuir la capitale Boukouléo. Seule la volonté de Dieu m’a permis de sortir vivant d’une attaque rebelle dans laquelle mon cher père a été tué, ainsi que ses deux merveilleux chats siamois, Lulu et Popo, son perroquet gris, ses huit épouses et les dizaines de membres de sa garde personnelle. Par une coïncidence miraculeuse, quelque minutes avant l’attaque qui lui fut fatale, il m’a fait savoir qu’il avait déposé 5 MILLIONS DE DOLLARS dans une mallette qui se trouve dans une banque ayant siège à Boukouléo-Plage. Après l’attaque lâche et sanglante, je me suis donc précipité dans sa chambre pour me saisir de tout son argent et de ses documents administratifs. C’était pour son bien, le Seigneur m’en est témoin. J’ai trouvé dans sa poche-revolver son revolver, ainsi que la preuve de l’existence de la mallette. Au péril de ma vie, je me suis fait conduire dans la capitale pour récupérer l’argent, ce qui fut fait grâce à la complicité du directeur de la banque – Dieu ait son âme – et à la bénédiction qui a placé sur ma route, malgré le malheur qui nous accable, des gens honnêtes et corruptibles.

Je sollicite humblement votre aide afin de transférer dans votre compte ce seul bien que mon père m’a légué, car la situation en République Semidémocratique du Burkinda est toujours incertaine. Les attaques rebelles se succèdent encore avec une telle force qu’il m’est présentement difficile d’écrire sur mon ordinattttzzf///// :@ ;%

Une fois le butin transféré dans votre propre compte de banque, nous aviserons de la manière d’investir pour honorer la mémoire de mon père et des fiers combattants dont la vie n’aura pas été prise en vain. Vous-même serez généreusement récompensée pour votre aide si crédule. Si vous êtes prête à m’aider, répondez-moi vite. Bien entendu, certains renseignements concernant votre compte seront nécessaires pour le transfert, et vous n’aurez jamais aucun doute à avoir sur notre honnêteté et notre acharnement à vouloir votre bien. Notre famille a connu le drame : que le temps de la rédemption arrive! Dans l’attente d’une suite favorable, recevez mes salutations typiques, et prenez grand soin de tenir secrète cette communication. Le Tout-puissant a guidé mes pas vers vous à travers les océans car votre simple nom inspire la confiance, sexybestchick92.

Que Dieu vous bénisse et ne négligez pas de me contacter à mon adresse privée secrète.

Votre très dévoué, kulaku419@hotmail.com

_______________________________________________________________________________________

C’est qui ça? C’est tu Horace? C’est du Horace Racicot ça. Bien joué, grand cave ! C’message-là est comme toé :  plein d’marde ! Et tombent les masques, gros plein d’marde !

On s’voit à ringuette nudiste dimanche, m’en va t’plaquer l’sac direc’ dans bande, mon estie !

Sexybestchick92

P.S. : J’pense à ça, pis ça peut pas être toi. T’as même pas internet. Bout d’marde, pis mon piton backspace qui marche pu, toé, c’tu assez gênant.

Scusez, Kulaku, on est parti su’un mauvais piton. J’vais slacker su’l ton familier.
First, merci pour ton beau message. C’est vraiment smatte de m’avoir écrit toute ça, ouf ! Surtout qu’on s’connait pas! C’est spécial pareil, hein ? J’te dis, desfois, la vie !

Aussi, j’voulais t’dire : fait que t’as 29 ans ? C’est cool. J’ai pas ça moé, 29 ans.

À part de t’ça, ton père est mort. C’est quand même plate, surtout qu’tu m’dis qu’y’a 98% de ton pays qui l’avait élu à vie. I guess que le 2% a ENCORE gagné. Ah, l’argent, GRRR !

J’espère que ses chats pis son perroquet prennent pas ça trop rough. J’imagine que ça a dû les faire chier quand y’ont appris ça. Moi être à place des chats, ça miaurait fait chier. Hein ? Miaurait fait chier.  Ça, c’t’une farce ça, j’fais des farces, j’aime ça faire des farces. En tous cas, J’sens l’ton familier revenir pis on est pas prêts,  pis de toutes façons, assez parlé d’moi.

Moi aussi mon père est mort. Il s’est gunné dans nuque. Au Québec, on appelle ça se suicider. Comment on appelle ça, quelqu’un qui se gunne dans nuque en République Semidémocratique du Burkinada ? C’est fou les cultures comme c’pas pareil dans toué places !

Je suis vraiment contente pour ton 5 millions. Qu’est-ce que tu vas faire avec ça ? J’imagine déjà ta vie ! Wow ! C’est beau, rêver !

 J’ai quelque chose d’important à te dire. J’ai pas compris la partie où tu me demandes de faire quelque chose. Pis j’veux pas qu’tu te sentes mal, c’est la faute à la communication. Si jamais je la recroise, elle va passer un mauvais quart d’heure, madame la communication ! Hein ? C’t’une farce, c’t’une autre farce, j’fais des farces, chu d’même.

Fais-tu ça, des farces, toi aussi ? Si oui, raconte-moi ta meilleure et dis-moi pourquoi.

Faut j’aille tirer une pisse. Pourquoi j’l’ai écrit, tu l’sais pas, toé ! MAUDIT PITON BACKSPACE DU CRISS !

Me r’vlà. J’ai relu ton message. Ben smatte de m’donner les 5 millions de ton père. À c’prix-là, j’peux  te rendre tous les services que tu veux ! TOUS les services. Except the sex ! Hein, comme on disait à Vassan en 92.

Anyway. L’affaire, c’est que -pis pose pas d’questions- j’ai pas de compte de banque. Aïe aïe aïe, hein ? As-tu un autre moyen, toi ? Si oui, dis-moi lequel et pourquoi.

Eille faut qu’j’aille tirer une pisse. ESTIE, POURQUOI J’L’AI ÉCRIT ?

Anyway.

Sexybestchick92


_______________________________________________________________________________________

De : kulaku419@hotmail.com
À : sexybestchick92@gmail.com

Bonjour très chère sexybestchick92.

Merci infiniment pour votre réponse.

Je me vois dans l’urgence de vous le dire bien clairement : je ne suis pas Horace Racicot, bien au contraire. Dieu m’est témoin qu’il est important qu’aucun doute n’envahisse votre esprit : je jure être votre ami Idriss-Étienne KULAKU, fils de feu mon père. À ce propos, je vous remercie pour vos condoléances, vous avez su trouver les mots justes pour honorer sa personne.

La tristesse m’envahit de savoir que votre père aussi est au ciel. Je réponds à votre question en vous disant que le suicide existe chez nous, mais qu’il est pratiqué exclusivement par les autorités gouvernementales sur les citoyens «infléchis». Une vieille tradition qui date de mon grand-père.

Nous avons le même âge : le Seigneur qui vous envoie nous dit clairement que nos destinées sont liées malgré la distance! Si je puis me permettre une anecdote personnelle, 29 ans est un âge honoré au Burkinda, car c’est traditionnellement l’étape de la vie où l’on devient grand-père.

Votre émotion est bien compréhensible étant donné l’énorme somme d’argent que je m’apprête à vous offrir, aussi je ne m’étonne pas de votre langage inhabituel pour le modeste Africain que je suis. J’avoue que les expressions «ringuette nudiste» et «tirer une pisse» sont rares chez nous.

Je constate aussi que vous avez des problèmes avec votre ordinateur. Je joins gracieusement à ce message un petit outil qui me permettra de prendre le contrôle de votre machine en toute confiance afin d’exorciser tout problème technique. Cliquez sur scam419.exe et vous serez surprise de voir ce qu’on peut faire avec la Foi.

Oui, je vais être un homme riche, et n’oubliez pas que mon vœu le plus cher est de vous faire profiter de ma fortune, chère sexybestchick92. Car non seulement je veux récompenser l’aide que vous m’apportez, mais je sens que déjà, des liens se créent entre nous, que nous nous comprenons à demi mots et qu’une amitié sincère demande à s’épanouir, comme la fleur sur le baobab. 5 millions de dollars, c’est assez pour faire un beau jardin.

Vous me demandez si je connais des blagues. Je crois avoir de l’esprit et un bon instinct de survie. Peut-être aussi un peu d’humour, mais noir. Ma meilleure farce est cachée dans ce message, je vous laisse la trouver.

Y a-t-il des choses que j’ai mal expliquées? Je m’en excuse bien misérablement. Je nécessite des informations bancaires pour pouvoir transférer mon trésor sur votre compte. Comme vous n’avez pas de compte en banque, j’ai inventé un autre moyen. Comme le dit l’expression burkindée : si la gazelle est malade, prends l’hippopotame. Je ferai expédier le coffre de mon père dans l’institution de votre choix (par exemple, la Caisse Semipopulaire des Jardins), et vous pourrez le récupérer en échange de seulement 5 000 $ comptant, ce qui est un grain de sable dans le désert de votre nouvelle fortune.

J’attends votre confirmation avec impatience

Votre ami, kulaku419@hotmail.com

_______________________________________________________________________________________

Cher Kulaku,

A‐HA ! Je t’ai attrapé garçon ! Tu croyais quoi ? Tu pensais pas que ta maman savait que tu fraudais des gens sur les interwebs oui ?

Ben non. C’t’une autre de mes farces. J’espère t’es pas fâché. C’est vrai qu’le racisme, c’est jamais drôle. Mais juste pour être surs, m’en vas t’en pousser
une p’tite dernière.

C’est quoi la différence entre un homme noir pis un divan ?

L’divan, y’est capable de supporter sa famille !

Fait que comme ça, t’es le contraire d’Horace Racicot ? Fait qu’t’es un vide de pisse? Hein ? T’a pognes‐tu ? Pass d’la pisse, c’est l’contraire d’la marde !

Pis Horace, c’t’un plein d’marde ! Eille j’suis pas arrâtab, c’pas compliqué, faudrait m’tirer pour m’arrêter !

Eille assez parlé d’moi.

Fait qu’on a le même âge que tu m’dis. Ben flattée d’savoir qu’tu m’donnes un beau 29. D’habitude on me donne un bon 69. Soixante‐neuf ans, pas
soixante‐neuf comme dans l’sexe ! Kulaku, mon cochon !

Sans joke, j’ai 26, fait que dans mon cas, la game de « Quel âge tu m’donnes » finit toujours par ben des larmes pis une envie de poser un
geste pratiqué exclusivement par les autorités gouvernementales sur les citoyens «infléchis» (suicide).

Thanks pour l’outil pour réparer mon backspace. Mais j’en aurai pas besoin.

Y’était pas brisé, mon piton backspace. J’étais juste vraiment trop su’l mush quand j’t’écrivais. J’aurais dû l’savoir : dès qu’j’suis su’l mush, j’pense que
toué pitons backspace sont partis su’l yab. Anyway, mon chum Horace travaille su’l gouvernement. Y’a tout l’temps besoin d’cossins anti spam su
son ordi. J’y ai envoyé. Pas eu d’réponse.. À suivre.

Faut j’te dise de quoi, Kulaku.

J’ai été ben déçue qu’tu m’fasses pas d’farce. Tu m’as dit d’la chercher dans le message, mais j’l’ai pas trouvée. J’vais dire comme la bonnefemme : chu
pas fachée, chu déçue ». Normalement, ça m’ferait pas chier, mais ces temps‐ci, j’me sens ben seule. Toutes mes chats sont morts d’une shot. Ça a
l’air fucké mais moi ça m’surprend pas : y’avaient toute le même nom . Tous mes chats s’appelaient « Plugger l’thème ».

Fait que là, tu veux que je t’envoie 5000 pour avoir un coffre de 5 millions.

J’veux ben, mais à qui j’le donne, le 5000 ? T’es mêlé, toi hein ?

OK J’VIENS D’CATCHER, C’EST ÇA LA JOKE !

Toi, tu m’envoyais à caisse pour que j’aille l’air d’une grand conne avec mon 5000,! « Allô, madame, tiens, mon cinmille pou le coff ! À qui j’donne mon
cinmille pou le coff? »

J’te dis, Kulaku, t’es un méchant capoté. Ben contente que tu m’aies écrit sans savoir chu qui pour me faire la joke du siècle. Ça quasiment marché , ça,
j’te l’donne !

Eille, j’te laisse, le fou dans tête. J’suis en retard à job. J’viens d’commencer au secteur antifraude du SPVM. Une autre journée à m’pogner l’beigne
(beigne, police, c’t’une farce). Y’en a pas, d’fraude su’l web. Le shift va être long !

Anyway, assez parlé d’moi.

Sexy.