Borne to win*

En mai 1997, il y a 20 ans pile, avait lieu le 50e Festival de Cannes. C’était l’année du Cinquième Élément, d’Assassin(s), de L.A. Confidential, de Ice Storm, et de mon préféré, The Sweet Hereafter. Adjani était présidente et Michael Jackson était venu piétiner le tapis rouge en poussant des petits gloussements.

Je travaillais alors pour Staccato, une petite boîte de multimédia basée à Courbevoie, dans la banlieue parisienne. Grâce à la légendaire force de conviction de notre cher patron, Olivier Eschapasse, nous avions été mandatés pour créer la borne interactive du Festival, qui serait mise à jour quotidiennement en fonction de l’actualité du jour, et dont plusieurs installations seraient en place à Cannes et à Paris.

Le défi était assez nouveau, et l’Internet balbutiant ne nous permettait pas d’envoyer virtuellement les nouvelles versions des contenus. Nous comptions donc sur un collègue motivé qui faisait chaque jour le voyage Paris-Cannes et retour en TGV pour installer physiquement les cédéroms dans les bornes du Palais des festivals! Mon rôle consistait à concevoir l’interface et le style graphique, ainsi qu’à formater les innombrables photos, textes et dessins pour les intégrer à cette œuvre collective. Le tout dans une fébrilité qui rappelle en effet celle des plateaux de tournage quand la lumière est bonne mais qu’il ne faudrait pas «manquer la shot».

Bien sûr, cette interface similiréaliste recréant un studio de cinéma peut sembler naïve avec le recul, et la résolution en 640 x 480 (avec couleurs indexées!) nous obligeait à caser beaucoup de trucs sur un petit écran, mais nous inventions un langage.

Au final, tout s’est bien passé – à moins que ma mémoire me joue des tours – et cette borne a été un succès! Palme d’Or! Vingt ans plus tard, elle reste un moment marquant de ma carrière, même si la qualité des images et la surenchère de ‘drop-shadows’ me font un peu rigoler! Et pour citer mon ex-patron : «En tout cas une sacrée aventure! Je crois que nous avons inventé l’information interactive numérique avec images et surtout vidéos. Un souvenir intact.»

*Rien ne vaut un bon vieux calembour franco-anglais pour se mettre de bonne humeur. Ne vous plaignez pas, j’aurais pu titrer «Yes we Cannes».

Toujours plus O

Ces derniers mois, l’O semble inspirer les grands orchestres et les opéras les plus prestigieux, qui font de cette lettre le cœur de leur image. Effet de mode, paresse ou tradition graphique?

Avertissement préalable: je suis moi-même un obsédé de la lettre O, sur laquelle j’ai écrit un mémoire de fin d’études.

Pour qui suit l’actualité des logos ou celle de la musique classique, 2017 ressemble à un riche collier dont les perles sont des O majuscules.

Fin mars, nous assistions au dévoilement de la nouvelle image de l’Orchestre Métropolitain, une œuvre forte signée Folk et byHAUS, qui s’inscrit d’emblée dans les réussites de l’année.

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Les 16 meilleurs et pires logos de 2016

Année olympique, année de promesses environnementales, année électorale chez nos voisins, année de deuils et de désillusions pour beaucoup, que vaut 2016 en matière de logos? Voici une sélection tout à fait subjective des meilleurs coups et des pires échecs. Il y en a pour tous les goûts!

Extrait du logo des Jeux olympiques Rio 2016

(Détail du logo des Jeux olympiques de Rio)

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Tendances et statut du logo

logos_partout

Cʼest ce mercredi 7 décembre que je donnerai une toute nouvelle conférence sobrement intitulée TENDANCES ET STATUT DU LOGO EN 2016,

Cette conférence, qui devrait durer 30 minutes si je ne bégaie pas trop, sʼinscrit dans la journée TENDANCES MARKETING dʼInfopresse. Elle aura lieu au Centre des sciences de Montréal, ce qui démontre lʼaspect SCIENTIFIQUE de mes propos.

En voici le synopsis : À force d’entendre dire que le logo est le visage de l’entreprise, on finirait par croire que ce visage est apparu selon une loi naturelle. Pourtant, la création et la gestion d’un logo constituent un processus qui se raffine et se complexifie à un rythme étourdissant. Poussé par la multiplication des marques et des supports, comment doit-il aujourd’hui être pensé, déployé et exploité? Est-il un élément central ou une simple signature au milieu d’un océan de signes et d’images? Quel héritage doit-on tirer des logos légendaires? Comment repenser l’image de marque à l’ère de la dématérialisation des supports? Les exemples les plus connus sont-ils les plus instructifs? Quels sont les paramètres d’évaluation d’un artefact aussi intangible? Quelle est la part du marketing dans le processus? En traçant des parallèles entre le statut traditionnel du logo et les pratiques actuelles ou émergentes, Olivier Bruel soulignera l’évolution sémantique, graphique et technologique du logo.

Je suis assez fier de participer à cet évènement qui rassemble quelques sommités du marketing international, auxquels je ne devrais pas faire trop dʼombre, vu lʼaspect marginal, subjectif et plutôt léger de mon intervention. Jʼessaierai donc de rendre lʼexercice instructif ET distrayant. Des touches dʼhumour sont à prévoir.

Enfin, sachez que si vous mourrez dʼenvie dʼassister à cette journée pour y entendre des experts réputés ainsi que moi, je peux vous procurer des billets à prix réduit. Pas « abordable », juste « réduit ». Cʼest mieux que rien. Faites-moi signe.

Je vous promet dʼêtre furieusement tendance. À mercredi!

Année et faits

chronometre

Voici le texte que j’ai lu au Cabaret des auteurs du dimanche dont le thème était ANNÉE.

* * *

Une année, c’est quelque chose dans lequel on est tous. Dans le sens qu’on parle tous d’année ce soir, mais on est À L’INTÉRIEUR d’une année. On n’en sort pas. Alors pour prendre un peu de recul par rapport à ça, il existe plusieurs méthodes : l’alcool, la drogue, le déni, la poésie, la méditation, la science. Ce soir, j’ai choisi la science parce que toutes les autres pistes sont déjà couvertes par mes camarades. Les faits que je vais énoncer sont donc vrais. Ce n’est pas vraiment de la littérature, mais j’ai le droit, OK?

Scientifiquement, le temps c’est la 4e dimension. La plupart des experts pensent que le temps a été créé au même moment que le reste de l’univers. Il n’y avait donc pas de temps avant. En fait, le mot «avant» n’a même pas de sens ici.

En 1969, quand l’équipage d’Apollo 11 a posé le pied sur la Lune, ils étaient plus près sur l’échelle du temps de la fin de l’empire ottoman – dissout en 1923 – que de nous, en 2016.

À l’époque des premiers dinosaures, l’année comptait 370 jours. En fait, l’année elle-même n’était pas plus longue, mais les jours étaient plus courts, car la rotation de la Terre ralentit graduellement de 1,7 milliseconde par siècle.

Sur la planète Mercure, un jour dure deux ans.

Plus on se déplace vite, plus le temps ralentit. Si on pouvait voler vers l’étoile Sirius et retour à 99% de la vitesse de la lumière, ça nous prendrait quand même deux ans et demi… mais, à notre retour, on trouverait les Terriens vieillis de 17 ans.

13,8 milliards d’années, c’est l’âge de l’univers. Selon les créationnistes, c’est plutôt 3000 ans, mais je ne suis pas ici pour colporter des conneries. Donc, 13,8 milliards d’années. Si on condensait ça à l’échelle d’une seule année, les dinosaures auraient disparu le 29 décembre, l’humain serait apparu le 31 décembre à 23h54, et Christophe Colomb aurait traversé l’Atlantique une seconde avant minuit.

L’objet le plus vieux connu sur Terre est un fragment de cristal zircon trouvé à Jack Hills en Australie. Il a 4,4 milliards d’années, soit seulement 160 millions d’années de moins que la Terre elle-même.

En France, on guillotinait les condamnés à mort jusqu’en septembre 1977, ce qui veut dire que le premier Star Wars est sorti à l’époque de la guillotine.

Le stégosaure -– ça c’est le dino avec des plaques dressées sur le dos – était présent sur Terre il y a 150 millions d’années. Le célèbre Tyranosaure Rex? C’était il y a 65 millions d’années. Vous ne le réalisez peut-être pas mais le T-Rex est donc plus proche de nous que du stégosaure.

Quand les premières pyramides d’Égypte ont été construites, il y avait encore des mammouths laineux sur Terre.

La reine Cléopâtre (-30) est plus proche de nous que de la construction de la Grande Pyramide (-2 560).

Je ne vous apprends rien, tous les animaux n’ont pas la même espérance de vie. L’éphémère (insecte bien nommé) vit entre 1 heure et 1 jour, la mouche vit un mois, la souris 3 ans, la poule 10, le chat 20, le cheval 40, le poisson rouge 49, l’éléphant 70, le Québécois 83, et la tortue géante 150. La Baleine boréale peut vivre plus de 200 ans, ce qui signifie que certaines de celles qui étaient vivantes en 1851, quand Herman Melville a écrit de Moby Dick sont toujours parmi nous.

Le pin Bristlecone, un arbre d’Amérique du Nord, détient le record de longévité des organismes vivants, juste devant Janine Sutto : il peut vive plus de 5000 ans.

Si vous avec plus de 45 ans, vous avez vu la population mondiale doubler.

Les années sont égales en durée, mais pas en qualité musicale. La musique a ses millésimes, comme le vin. Prenons par exemple 1976. C’est cette année-là que sont sortis Songs In The Key Of Life de Stevie Wonder, Hotel California des Eagles, 1 fois 5 de Charlebois-Vigneault-Léveillée-Deschamps-Ferland, L’Heptade d’Harmonium, Desire et Hard Rain de Dylan, A Trick Of The Tail de Genesis, Longue distance de Charlebois, Trompe la mort, le dernier disque de Brassens, Je te donne de Léo Ferré, Get up off That Thing de James Brown, Deep Purple Live, Shaved Fish de Lennon, A Day At The Races de Queen, L’Homme À Tête De Chou de Gainsbourg, The Song Remains The Same de Led Zeppelin, l’album éponyme de Kate & Anna McGarrigle, Rastaman Vibration de Bob Marley, Black Market de Weather Report, Rock And Roll Heart de Lou Reed, et plein, plein d’autres, c’en est hallucinant!

Toutes les deux minutes, nous prenons autant de photos que l’humanité entière ne l’a fait au cours du 19ème siècle.

Seulement 66 années séparent le décollage du premier aéroplane de la conquète de la Lune.

Et si tout ça vous paraît abstrait, sachez que le père de ma mère est un héros de la guerre. La Première Guerre Mondiale.

On est peu de choses, faites attention à vous-autres!